Avant de partir à la chasse, il faut repérer ses proies. C’est ce qu’a fait la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) en présentant, début juillet, son rapport annuel « Charges et produits » qui liste ses pistes d’économies dans le cadre de la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Et la liste est longue pour espérer atteindre 2,07 milliards d’euros d’économies sur les dépenses d’assurance maladie en 2020, dont 887 millions sur les produits de santé.
Dans le viseur, le délai d’écoulement des stocks officinaux de médicaments lorsque les prix sont modifiés. Actuellement, lorsque le tarif d’un médicament remboursable a été revu, en général à la baisse, les officinaux peuvent continuer à le commercialiser au prix antérieur pendant 50 jours (90 en outre-mer, 120 à Mayotte).
Vingt jours de moins pour les stocks
La Cnam propose de porter ce délai à 30 jours pour la métropole, 70 pour l’outre-mer, 100 pour Mayotte. Une réduction de 20 jours qui, selon ses calculs, générerait 56 millions d’euros d’économies. « Nous sommes totalement opposés à la modification des règles », s’insurge Philippe Besset, président de la FSPF, qui déplore que la Cnam aille, une fois de plus, chercher des économies dans le réseau officinal, déjà fragile.
Autre ambition : réduire la consommation d’antibiotiques et lutter contre l’antibiorésistance au moyen d’un « plan d’action ambitieux » sur 2 ans visant à économiser 150 millions d’euros, dont 75 dès 2020. En encourageant notamment le recours aux tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) à l’officine pour ne traiter que les angines bactériennes.
Enfin, l’Assurance maladie entend faire diminuer les prescriptions et utilisations inappropriées du glucomètre connecté FreeStyle Libre, qui, selon elle, alourdissent les dépenses. Elle regrette que 13 % des initiations soient faites par des généralistes, alors que la prescription initiale de ce dispositif, remboursé depuis le 1er juin 2017, est réservée aux diabétologues ou pédiatres expérimentés en diabétologie. La Sécu a aussi repéré que des utilisateurs de FreeStyle Libre consomment simultanément trop de bandelettes classiques d'autosurveillance glycémique, révélant une utilisation non optimale de leur dispositif remboursé.