Aménagement d’une pièce dédiée au dépistage ou installation d’un barnum, achat de matériel de protection et de tests agréés, formation de l’équipe à la réalisation des prélèvements naso-pharyngés, communication auprès des professionnels de santé locaux et des patients, organisation du double service délivrance de médicaments/dépistage : la mise en place à l’officine du dépistage de la Covid-19 par les tests antigéniques n’est pas une mince affaire. D’après les données Iqvia en date du 20 novembre, ce sont pourtant 4 309 officines qui se sont lancées. L'Assurance maladie indique qu'elles ont réalisé 283 255 tests antigéniques entre le 1er et le 19 novembre. Malgré leur bonne volonté, il semble que l’étape ultime, c’est à dire l’enregistrement des résultats pour communication aux autorités de santé, soit celle qui cristallise toutes les critiques depuis plusieurs jours.
SI-DEP dans l'œil du cyclone
Pour que le suivi de la situation épidémique soit assuré, notamment pour initier le contact-tracing des personnes ayant côtoyé un patient se révélant Covid +, la saisie du résultat du test est indispensable. Et de façon plus prosaïque, cette étape conditionne la rémunération de l’officine pour ce service. Jusque-là, les équipes devaient indiquer les résultats positifs par mail aux caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) locales, via la messagerie sécurisée. Depuis le 16 novembre, c’est le portail d’enregistrement SI-DEP (pour « système d’information national de dépistage populationnel ») qu’il convient d’utiliser pour déclarer les cas positifs et négatifs. Gros hic : la procédure de connexion a beau faire l’objet de tutoriels proposés par différents partenaires (Ordre des pharmaciens, syndicat, ministère de la Santé…), la technique a montré ses limites, notamment au moment de la création des cartes e-CPS ou de la connexion à SI-DEP, le site affichant des « erreurs type 404 » impossibles à résoudre par l'utilisateur. En bref, le développement de ce canal de communication des résultats est actuellement très chronophage, ce qui est d’autant plus pénible qu'il est en lien avec un service nouveau, mis en place dans l’urgence, et qui vient s’ajouter aux autres missions quotidiennes de l'officine.
De nouveaux profils à tester bientôt
En parallèle, la doctrine concernant les tests continue d'évoluer. Lors d’un point presse qui s'est tenu jeudi 19 novembre au soir, la ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a annoncé que les personnes souhaitant rendre visite à un proche vivant en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) vont se voir conseiller la réalisation en pharmacie d’un test antigénique le jour même de leur visite, ou d’un test PCR dans les 72 heures avant. Un nouveau profil de patient pourrait donc s'ajouter à la liste des personnes éligibles au dépistage par les officinaux. Cependant, les proches « venant très souvent » pourront être intégrés aux campagnes de dépistage hebdomadaires imposées en routine aux professionnels travaillant dans ces maisons de retraite, dont les tests ne sont pas fournis par les pharmacies.