À la suite de remontées par l'Agence européenne des médicaments (EMA) de cas de thromboses cérébrales rares et inhabituelles, la Haute Autorité de santé (HAS) avait recommandé, le 19 mars, de n'utiliser dès lors le vaccin AstraZeneca (rebaptisé Vaxzevria) que chez les plus de 55 ans. En cohérence avec cet avis, la HAS a statué, le 9 avril, sur la deuxième injection pour les quelque 500 000 personnes de moins de 55 ans ayant déjà reçu leur première dose d'AstraZeneca. Ce sera une dose de vaccin à ARN messager, Pfizer ou Moderna, 12 semaines après. Une stratégie vaccinale mixte qui, explique Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, n'est plus inédite. Elle est, par exemple, déjà utilisée dans le contexte du développement de certains vaccins, notamment contre le VIH. Dans le cas précis du schéma mixte avec la première dose Vaxzevria et la deuxième Pfizer ou Moderna, les deux vaccins, bien que différents dans leur nature, ciblent bel et bien le même antigène, la protéine Spike, ce qui soutient la cohérence de cette stratégie originale. La HAS recommande par ailleurs de mettre en place très rapidement une étude pour évaluer en vie réelle la réponse immunitaire apportée par ce schéma vaccinal mixte, ainsi qu'un suivi spécifique de pharmacovigilance.
Un risque qui augmente avec l’âge
Quid maintenant des personnes de plus de 55 ans déjà primo-injectées avec AstraZeneca et en attente d'une deuxième dose ? Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS, a tenu à insister sur ce public, amené légitimement à se poser des questions, avec des propos rassurants et rationnels. « Je souhaite redire que nous recommandons la vaccination avec AstraZeneca chez les 55 ans ou plus. C'est un vaccin efficace et le risque de formes graves de la Covid augmente très significativement avec l'âge. Aujourd'hui pour les plus âgés, ce qui fait courir un risque important, c'est l'infection par le SARS-CoV-2. » Et la patronne de la HAS d'avancer un chiffre éloquent : « Les plus de 55 ans représentent environ plus de 95 % des 98 000 morts du coronavirus en France. Ce vaccin AstraZeneca va donc sauver des vies. Et si nous voulons gagner la bataille contre le virus, nous devons utiliser toutes les armes à notre disposition. Ce vaccin a démontré sa grande efficacité contre les formes sévères et je le répète, il sauve des vies. » Quid, enfin, des personnes qui ont pile 55 ans ? AstraZeneca ou ARNm pour la deuxième dose ? Élisabeth Bouvet tranche ainsi : « Si la personne a 55 ans révolus, c'est AstraZeneca. Pour les moins de 55 ans, c'est Pfizer ou Moderna. »