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Grossesse et micronutriments

Les compléments alimentaires périconceptionnels visent à sécuriser les apports en micronutriments de la femme enceinte. Quels sont ceux à prioriser, pour quels profils et pourquoi ?

Par Pauline Jourdain

QUELS APPORTS SURVEILLER ET POURQUOI ?

Cinq micronutriments sont particulièrement importants pour une grossesse en toute sécurité : 
 → La vitamine B9 : une carence favorise les malformations du tube neural (spina bifida).
 → Le fer, dont des apports trop faibles vont impacter la bonne santé de la femme enceinte mais aussi favoriser un accouchement ­prématuré et/ou un faible poids de naissance.
 → La vitamine D, dont la carence augmente le risque de complication durant la grossesse et d’hypocalcémie du bébé à la naissance. 
 → L’iode, essentiel pour le développement du cerveau et du système nerveux du fœtus.
 → La vitamine B12 chez les futures mamans flexitariennes, végétariennes ou véganes car un faible apport peut provoquer une anémie et des troubles neurologiques chez la femme enceinte, ainsi que des anomalies neuro­logiques, des retards de croissance ou de développement chez le fœtus.

 

VITAMINE B9 : SUPPLÉMENTATION SYSTÉMATIQUE

  •  Pour qui ?

Toutes les femmes sont encouragées à sécuriser leurs apports en folates dès qu’elles désirent une grossesse. Le risque de carence est plus élevé chez les patientes :
 → consommant peu d’aliments riches en folates (légumes verts comme les salades, les épinards ou le brocoli, les légumes secs, le foie…) ;
 → souffrant d’une maladie de Crohn ou de la maladie cœliaque ;
 → ayant suivi un traitement par phénitoïne, méthotrexate, triamtérène, metformine…

  •  Combien ?

La supplémentation quotidienne recommandée est de 0,4 mg d’acide folique au moins quatre semaines avant la conception et jusqu’à la douzième semaine d’aménorrhée. 
Une dose journalière de 5 mg est recommandée pour les femmes à risque, c’est-à-dire celles ayant un antécédent de grossesse avec un spina bifida, mais aussi celles qui sont traitées par les médicaments connus pour interférer dans le métabolisme des folates.

FER : SUPPLÉMENTATION SELON LES RÉSULTATS BIOLOGIQUES

La supplémentation en fer n’est pas systématique chez la femme enceinte. Le suivi biologique permettra à la sage-femme ou au gynécologue de dépister une carence et de prescrire une supplémentation si besoin. 

VITAMINE D : SUPPLÉMENTATION SYSTÉMATIQUE

Des études ont mis en évidence un effet positif de la supplémentation en vitamine D de la femme enceinte : elle permet de réduire le risque de prééclampsie, de diabète gestationnel, d’hémorragie du post-partum grave et d’insuffisance pondérale de l’enfant à la naissance.

VITAMINE B12 : SUPPLÉMENTATION SYSTÉMATIQUE CHEZ LES FLEXI- ET VÉGÉTARIENNES

Une alimentation végétarienne ou végétalienne est compa­tible avec une grossesse si elle est équilibrée et respecte les apports recommandés en macro- et micronutriments. Cela implique une supplémentation au long cours en vitamine B12 (comme en dehors de la grossesse) puisque celle-ci n’est apportée que par les produits d’origine animale, sachant que dans les œufs elle est peu biodisponible.

  • Pour qui ?

Les femmes végétariennes, végétaliennes ou simplement consommant peu fréquemment des aliments d’origine animale (il n’y a pas de valeur seuil connue). 

  •  Combien ?

Les deux modes d’absorption de la B12 conduisent à recommander, selon la préférence de la patiente :
 → une prise quotidienne de 10 μg
 → ou une prise hebdomadaire de 2 000 μg
 → ou une prise mensuelle de 5 000 μg.
On conseillera la cyanocobalamine, la forme la plus stable. Pour mémoire, il n’y a pas de risque de surdosage avec la vitamine B12.

IODE : PAS DE SUPPLÉMENTATION

La supplémentation spécifique en iode n’est pas recommandée au cours de la période périnatale chez les femmes ayant des apports alimentaires réguliers.

 → Une alimentation équilibrée apporte suffisamment d’iode pour mener une grossesse en toute sécurité. Ce micro­nutriment est présent dans le sel de table iodé, les produits de la mer dont les algues ainsi que les œufs et les produits laitiers produits en agriculture conventionnelle.

 → Un excès d’iode pendant la grossesse va augmenter le risque pour le bébé de souffrir d’hypothyroïdie, d’un goître, de troubles du développement intellectuel et d’une surdité.

 

Sources : revues Cochrane, HAS, Ameli, Vidal, Santé publique France, Observatoire national des alimentations végétales (Onav), Le Guide de la grossesse joyeux et décomplexé de Juju la gygy (First Éditions).

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