Vous connaissez certainement l’expression : la fin justifie les moyens. La fin ? La mise à bas des honoraires pharmaceutiques, en place depuis le 1er janvier dernier, après des années de négociation sur le fil du rasoir avec l’État et l’Assurance maladie. Les moyens ? Des slogans accrocheurs, des pétitions ou des calculs griffonnés sur un coin de table pour tenter de prouver la nocivité d’une réforme en réalité essentielle à la survie du réseau officinal tel que nous le connaissons.
Je vous le dis en cinq mots : ne vous laissez pas berner. On peut tout faire dire aux chiffres, surtout en manipulant des cas particuliers au profit d’intérêts particuliers. Cela ne vous aura pas échappé : les élections professionnelles pour les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) se rapprochent à grands pas… En réalité, les honoraires pharmaceutiques sont tout autre chose que la caricature qui peut en être faite. Sans notre volonté réformatrice, la pharmacie aurait été entraînée malgré elle dans le débat sur les professions réglementées. Et Michel-Édouard Leclerc fêterait aujourd’hui certainement la sortie de l’automédication du monopole officinal. Par ailleurs, les honoraires ce sont aussi, dès l’année prochaine, 120 millions d’euros de rémunération en plus pour le réseau officinal. Alors pourquoi s’acharner à faire croire que nous aurions signé un texte qui aurait engendré un manque à gagner ? Le syndicalisme n’est pas une forme de masochisme ; ce que nous avons signé seuls avec l’Assurance maladie et l’État est donc intégralement à porter au crédit de la profession, à court terme mais aussi à long terme. Si les honoraires sont une garantie supplémentaire d’enrayer la spirale déflationniste du prix des médicaments, ils sont aussi une porte ouverte vers l’avenir. La vérité doit être dite : en reconnaissant à la fois symboliquement et officiellement notre apport dans l’analyse des ordonnances, ils posent les bases de nos travaux pour les dix années à venir. Car ce sont bien les ordonnances qui devront, à terme, devenir le socle de notre rémunération au travers d’honoraires basés sur la complexité de la délivrance et non plus seulement indexés sur le nombre de boîtes vendues. Notre proposition est connue : que le montant de ces honoraires à l’ordonnance intègre tout ou partie de la rémunération émanant des génériques, une manne que l’officine doit absolument sauvegarder pour tenir le choc de la crise des comptes sociaux qui dure maintenant depuis des années et promet de durer encore. La pharmacie aura alors achevé sa mutation, malgré tout, malgré les partisans de l’immobilisme et les opposants de circonstance.