Le satisfecit est palpable. Les ministères de la Santé et de l’Industrie ont salué, le 18 mars dernier, le succès du déploiement de la feuille de route antipénuries 2024-2027, considérant que 25 % de ce plan sur quatre ans était entré en application. De fait, c’est plus de 1 000 déclarations de ruptures ou risques de rupture en moins que l’ANSM a comptabilisées l’an dernier. C’est aussi la première fois que ce nombre est en recul.
Une tendance confirmée par une étude de la Drees, présentée le 26 mars. Celle-ci porte sur les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), soit un peu plus de 8 000 présentations, pour lesquelles le nombre de déclarations est passé de 1 500 à 1 000 entre 2023 et 2024. La Drees note également une amélioration du nombre d’alternatives thérapeutiques, du niveau des stocks industriels et des actions correctives plus systématiques prises par l’ANSM dès la déclaration d’un risque de rupture.
Temps et pédagogie
Néanmoins, remarque Philippe Besset, président de la FSPF, si ces défaillances sont moins nombreuses et concernent une population moins large, elles sont aussi plus graves : « Une rupture sur un antipsychotique, c’est un problème majeur de santé publique. » Dans ce contexte, il réclame une meilleure prise en compte des situations de rupture localisées dans certains territoires, une mise en application des mesures correctives plus rapide et la prise en charge du dépistage de la grippe, de la Covid-19 et de la bronchiolite.
D’autant que le temps passé au comptoir à gérer les pénuries ne cesse, lui, d’augmenter. Selon la dernière enquête du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE), celui-ci est désormais de 10 heures par semaine en moyenne, soit 4 heures de plus qu’en 2019. En effet, si les mesures déployées permettent d’apporter des solutions aux patients, elles restent chronophages pour le pharmacien : dispensation à l’unité, commande de préparations magistrales, substitution, dépannage d’urgence auprès du laboratoire, etc. En outre, tous ces dispositifs nécessitent d’être explicités aux patients, ce qui demande là encore du temps et de la pédagogie.