N°1370
Mai 2025

Le dépistage du cancer colorectal en 10 questions

© adobestock_oceanprod
par Paul Kristoff
Le 19 avril 2023

L’opération de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal « Mars bleu » vient de s’achever. Mais pas à l’officine où la prévention de cette maladie se déroule désormais tout au long de l’année.

1/ Pour­quoi se lan­cer dans le dé­pis­tage du can­cer co­lo­rec­tal ?

Pré­vue par la conven­tion phar­ma­ceu­tique si­gnée en mars 2022, la par­ti­ci­pa­tion au dé­pis­tage du can­cer co­lo­rec­tal est dé­sor­mais l’une des mis­sions des phar­ma­ciens. Au-delà des consi­dé­ra­tions conven­tion­nelles, cette ma­la­die re­pré­sente la deuxième cause de mor­ta­lité par can­cer en France avec 17 000 dé­cès an­nuels. Pour­tant, il gué­rit dans 9 cas sur 10 s’il est dé­tecté tôt.

2/ En quoi consiste ce dé­pis­tage ?

L’ob­jec­tif du dé­pis­tage est de dé­ce­ler, dans les selles, des traces de sang qui ne sont pas vi­sibles à l’œil nu au moyen d’un an­ti­corps spé­ci­fique de l’hé­mo­glo­bine hu­maine. Le rôle du phar­ma­cien consiste à éva­luer le ni­veau de risque des per­sonnes à l’aide d’un ques­tion­naire, d’iden­ti­fier leur éli­gi­bi­lité et, le cas échéant, d’orien­ter les pa­tients non concer­nés par le dé­pis­tage vers leur mé­de­cin trai­tant.

3/ Quelle est la po­pu­la­tion cible ?

Les kits sont des­ti­nés aux su­jets âgés de 50 à 74 ans, sans symp­tômes, sans an­té­cé­dents per­son­nels ou fa­mi­liaux et sans fac­teurs de risque par­ti­cu­liers. La rai­son ? En­vi­ron 95 % des can­cers co­lo­rec­taux sont diag­nos­ti­qués après 50 ans et 80 % sur­viennent chez des pa­tients sans fac­teurs de risque connus. Il faut éga­le­ment sa­voir qu’après 75 ans, les ef­fets in­dé­si­rables de la co­lo­sco­pie, sys­té­ma­tique en cas de ré­sul­tat po­si­tif au test, sont plus im­por­tants.

4/ Quand est-il né­ces­saire de re­com­man­der une consul­ta­tion
mé­di­cale ?

En de­hors des consi­dé­ra­tions d’âge, un kit ne sera pas re­mis aux per­sonnes pré­sen­tant déjà des symp­tômes évo­ca­teurs de can­cer co­lo­rec­tal. Il convien­dra alors de les di­ri­ger vers une consul­ta­tion mé­di­cale afin de réa­li­ser une co­lo­sco­pie de diag­nos­tic. Ainsi, l’orien­ta­tion chez le mé­de­cin est de mise en cas de pré­sence de sang dans les selles, de dou­leurs ab­do­mi­nales d’ap­pa­ri­tion ré­cente, per­sis­tantes ou in­ex­pli­quées, de troubles du tran­sit d’ap­pa­ri­tion ré­cente (diar­rhée ou consti­pa­tion in­ha­bi­tuelle), de syn­drome rec­tal (faux be­soins) ou en­core d’amai­gris­se­ment in­ex­pli­qué.

5/ Le dé­pis­tage doit-il être réa­lisé tous les ans ?

Non, le dé­pis­tage est à ef­fec­tuer tous les 2 ans. Si un pa­tient a réa­lisé une co­lo­sco­pie to­tale, le test ne sera alors fait que 5 ans après l’exa­men (2 ans après un co­los­can­ner). At­ten­tion, si le ré­sul­tat est po­si­tif, il est in­utile de re­faire un test pour confir­ma­tion. Le pa­tient doit alors être adressé à un gas­tro-en­té­ro­logue afin de réa­li­ser une co­lo­sco­pie de diag­nos­tic.

6/ Qui est ha­bi­lité à re­mettre les kits ?

Les phar­ma­ciens ti­tu­laires et ad­joints ont la pos­si­bi­lité de dé­li­vrer les kits de dé­pis­tage, à condi­tion d’avoir été préa­la­ble­ment for­més. Les pré­pa­ra­teurs le peuvent éga­le­ment, sous la res­pon­sa­bi­lité d’un phar­ma­cien.

7/ Com­ment se pro­cu­rer les kits ?

Pour dis­po­ser des kits de dé­pis­tage, il suf­fit de les com­man­der sur le site ame­li­pro. Com­ment ? En cli­quant sur l’on­glet « Mes pro­duits », puis sur « Kit de dé­pis­tage du can­cer co­lo­rec­tal ». At­ten­tion, lorsque vous sé­lec­tion­nez « 1 » pour la quan­tité sou­hai­tée, cela cor­res­pond à 25 kits (en­ve­loppes). Vous n’avez rien à payer, l’opé­ra­tion étant prise en charge par l’As­su­rance ma­la­die.

8/ Les kits peuvent-ils se pé­ri­mer ?

Tout à fait. Avant de re­mettre un kit, il fau­dra bien vé­ri­fier sa date de pé­remp­tion, en te­nant compte éga­le­ment du dé­lai moyen de réa­li­sa­tion du test qui est de trois mois. On pourra no­ter dans le dos­sier du pa­tient la date à la­quelle on lui a re­mis l’en­ve­loppe afin de lui rap­pe­ler de faire le test. L’uti­li­sa­tion d’un test pé­rimé est l’un des prin­ci­paux mo­tifs de non-ana­lyse par les la­bo­ra­toires.

9/ Quand faut-il en­voyer le pré­lè­ve­ment au la­bo­ra­toire ?

L’en­ve­loppe re­tour doit être pos­tée dans les 24 heures sui­vant la réa­li­sa­tion du pré­lè­ve­ment. Il est né­ces­saire de bien pré­ci­ser à la per­sonne de ne pas la glis­ser dans une boîte aux lettres un sa­medi ou la veille d’un jour fé­rié, mais plu­tôt en dé­but de se­maine. En ef­fet, si le pré­lè­ve­ment ar­rive au la­bo­ra­toire plus de 6 jours après, il ne sera pas pris en compte. De même, il ne faut pas ou­blier d’in­di­quer la date de réa­li­sa­tion du test au risque qu’il ne soit pas ana­lysé.

10/ Quelles sont les mo­da­li­tés de fac­tu­ra­tion ?

Jus­qu’au 31 dé­cembre 2023, la re­mise d’un kit est ré­mu­né­rée à hau­teur de 5 eu­ros TTC (5,25 eu­ros TTC dans les Drom). Le paie­ment se fait sous forme de Rosp ver­sée l’an­née sui­vante. À comp­ter du 1er jan­vier 2024, la ré­mu­né­ra­tion pas­sera à 3 eu­ros par kit dis­pensé. Un mon­tant de 2 sup­plé­men­taires sera ac­cordé en cas de réa­li­sa­tion du test re­mis. La dis­pen­sa­tion d’un kit doit être fac­tu­rée 0,01 euro et as­so­ciée au code tra­ceur RKD. At­ten­tion, pour être va­lide, ce code acte doit être fac­turé seul.

Par Paul Kristoff

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