N°1368
Mars 2025

Haro sur les violences

Lors de la journée nationale d’action contre les violences aux soignants, la FSPF a manifesté son engagement sur le sujet aux côtés des autres professionnels de santé.

Le-Pharmacien-de-France
© adobestock_krakenimages.com
par Claire Frangi
Le 14 mars 2025

Trop c’est trop. Dans un sondage en ligne réalisé par la FSPF auprès de ses adhérents entre le 7 et le 11 mars dernier, seuls 12 % des pharmaciens titulaires (sur un total de 1 300 répondants) ont déclaré ne pas avoir été victimes d’incivilité, d’infraction ou d’agression au cours des deux dernières années. Ces violences « sous-évaluées et en constante augmentation » sont surtout caractérisées par des « menaces, injures et agressions physiques principalement motivées par un refus ou une impossibilité de dispensation ». Toutefois, et même s’ils restent minoritaires, « les vols à main armée sont en hausse », tout comme « les vols d’argent, de produits pharmaceutiques ou parapharmaceutiques ainsi que les dégradations d’officines lors de manifestations ». De plus, ajoute le syndicat, « si les trois quarts de ces agressions se produisent pendant les horaires d’ouverture, le nombre d’agressions a doublé en cinq ans pendant les gardes ».

Un guide sur la sécurité

Les résultats de cette enquête objectivent le ressenti des pharmaciens et, comme l’a indiqué Philippe Besset le 7 mars dernier lors de son Live hebdomadaire, confirment l’urgence à « prendre le sujet à bras le corps, en collaboration avec l’Ordre des pharmaciens et le ministère de l’Intérieur ». La FSPF a donc choisi le mercredi 12 mars, journée européenne de sensibilisation à la violence contre les médecins et les autres professionnels de la santé, pour mettre en ligne sur son site internet un guide sur la sécurité de 54 pages, accompagné d’une grille d’évaluation sécurité, et d’affiches. Ces outils mettent notamment en avant « les points de vigilance et recommandations à mettre en place pour les officines en fonction de leurs contraintes locales », sachant que les infractions les plus courantes consistent en vols à l’étalage, menaces, injures, cambriolages ou dégradations. Le guide contient également des conseils en matière de prévention des risques de malveillance, mais aussi des recommandations de bonne conduite à tenir dans le cas où une agression se produirait.

Un plan contre les violences partiellement appliqué

Par ailleurs, cette journée particulière a été l’occasion pour une quinzaine d’organisations représentant les professions de santé, réunies sous le nom de « Collectif du 12 mars », de faire passer plusieurs messages au cours d’une manifestation devant le ministère de la Santé. Le syndicat des pharmaciens des Bouches-du-Rhône, affilié à la FSPF, fait partie de ce collectif. Une action saluée par l’instance nationale même si la Fédération a choisi de ne pas s’y joindre directement tout en soutenant le mouvement, « simplement parce que nous n’étions pas favorables à la fermeture des officines comme suggéré par le collectif, ce qui aurait pénalisé nos patients qui sont en très grande majorité des personnes respectueuses », précise Philippe Besset. Il appuie néanmoins l’appel aux pouvoir publics demandant l’application de l’intégralité du plan de lutte contre les violences dont sont victimes les soignants. Ce plan d’action de plus de 40 mesures, rédigé sur la base d’un rapport réalisé par Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins, et Nathalie Nion, cadre infirmier, date de septembre 2023. Dix-huit mois après sa présentation par Agnès Firmin Le Bodo, alors ministre de la Santé, certaines de ses mesures n’ont toujours pas été mises en application, tel le déploiement d’un dispositif d’alerte discrète pour les professionnels de santé qui se rendent à domicile ou amenés à exercer dans des locaux isolés.

Une loi à venir ?

Le Collectif du 12 mars a également réclamé l’inscription à l’ordre du jour du Sénat de la proposition de loi renforçant la réponse pénale contre les agresseurs. Initiée par le député Horizons Philippe Pradal (Alpes-Maritimes), elle a été adoptée en mars 2024 à l’Assemblée nationale. Selon le Dr Jean-Jacques Avrane, coordinateur de l’Observatoire de la sécurité des médecins au sein de l’Ordre de cette profession, les dispositions de cette proposition de loi « durcissent les peines contre les agresseurs de professionnels de santé, permettent à des organismes représentatifs de porter plainte, éventuellement à la place des professionnels de santé agressés [et] au professionnel agressé de se domicilier à son ordre quand il porte plainte afin d’éviter de donner son adresse personnelle ». Le texte étend notamment le délit d’outrage à tous les professionnels de santé libéraux. Auditionné par la commission des Affaires sociales du Sénat le 12 mars, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a laissé entendre que le texte serait inscrit en mai à l’ordre du jour de la chambre haute.

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