N°1370
Mai 2025

« Il faut un ministre en place plus longtemps »

Invité à débattre lors des Amphis de l’officine sur le parcours officinal, le président de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Frédéric Valletoux, continue de défendre sa vision d’un système de santé décloisonné.

Philippe Besset, président de la FSPF, a accueilli l’ancien ministre et député Frédéric Valletoux.
© begin_conseil
Le 08 décembre 2024

Entre déploiement des nouvelles missions et réflexion sur les actes pharmaceutiques de demain, le rôle de l’officine est devenu ­central dans l’écosystème des professions de santé. Une évidence pour Frédéric ­Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne depuis 2022, et ancien ministre de la Santé de février à septembre 2024, convaincu de « la nécessité de pouvoir s’appuyer sur l’ensemble des professionnels de santé dans le parcours de soins […] en reconnaissant le rôle et l’apport de chacun ». Cette vision l’a poussé à porter sa première proposition de loi à l’Assemblée nationale, dite désormais « Loi Valletoux », et à défendre la reconnaissance de nouvelles responsabilités aux acteurs de santé. S’exprimant à l’avant-veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le PLFSS 2025 qu’il a présidé, Frédéric Valletoux y défendait les avancées « certes modestes, mais qui dévoilent un mouvement de fond permettant, année après année, à différents professionnels de prendre en charge les Français et de le faire directement ».

Nécessaire pédagogie

C’est dans cette optique que le député de Seine-et-Marne a déposé une proposition de loi sur le métier d’infirmier le 15 novembre dernier. Et qu’il a soutenu les nouvelles missions des pharmaciens, telles que la vaccination et la dispensation d’antibiotiques après un Trod positif, lors des négociations conventionnelles. Encore faut-il que le grand public connaisse ces actes innovants à l’officine, souligne le président de la FSPF, Philippe Besset. « C’était ce qui était prévu si j’étais resté ministre de la Santé, précise Frédéric Valletoux. Nous voulions déployer des campagnes à destination des Français en septembre 2024. Cette action de pédagogie reste nécessaire. » Néanmoins, il est tout aussi essentiel que les pharmaciens se saisissent des missions qui leur sont confiées, remarque Frédéric ­Valletoux, certains confrères affichant parfois une certaine réticence.

Changer de cap

« La posture du pharmacien est l’écoute : quand on lui demande quelque chose, il se met en quatre pour y répondre. En revanche, il n’est pas formé pour l’aller vers, il pense même que c’est de la sollicitation et que c’est mal. Les patients demandent la vaccination ou le dépistage, donc ces missions-là se développent, mais personne ne réclame un bilan de médication », explique Philippe Besset, qui reconnaît que les confrères vont devoir changer de comportement, et ce, dès la formation initiale.
Par ailleurs, confronté à une impasse sur l’application du « décret territoires ­fragiles » signé le 7 juillet 2024 par le ministre ­Valletoux, Philippe Besset lui a exposé le problème. « Une circulaire diffusée cet été par la DGOS impose les territoires de vie-santé comme maille géographique, ce qui ne convient pas. Prenons l’exemple du Grand Est où nous avions identifié 57 pharmacies qui entraient dans les critères, cette maille réduit le nombre à 12 ; et c’est pareil dans toutes les régions. Comment fait-on changer de cap au paquebot de l’administration ? » Réponse du député : « Il faut un ministre en place plus longtemps que quelques mois, et s’assurer que le décret et son application soient dans le même esprit que ce qu’a voulu le législateur. Un pilotage politique est donc nécessaire. Malheureusement, en santé, c’est le bal des ministres. »

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