N°1369
Avril 2025

Ixchiq : l’EMA lance une investigation du vaccin

L’instance européenne suspend la recommandation du vaccin de Valneva contre le chikungunya pour les plus de 65 ans le temps de son enquête de pharmacovigilance.

© adobestock_Kitsawet
par Benoît Thelliez
Le 09 mai 2025

Après que la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé, le 25 avril dernier, de ne plus vacciner les personnes de 65 ans et plus avec Ixchiq (Valneva) par suite de l’apparition de trois cas d’effets indésirables graves (EIG) ayant entraîné un décès par encéphalite chez un homme de 84 ans, c’est désormais l’Agence européenne des médicaments (EMA), par l’intermédiaire de son comité d’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Prac), qui appelle à faire de même. Dans son avis daté du 7 mai, l’instance annonce également que ce vaccin vivant atténué, utilisé dans la campagne de vaccination contre l’épidémie de chikungunya qui sévit actuellement à La Réunion et, dans une moindre mesure, à Mayotte, va faire l’objet d’une enquête au vu des 17 EIG recensés et d’un deuxième décès d’un homme de 77 ans atteint de la maladie de Parkinson dont les difficultés à déglutir se sont aggravées et ont provoqué une pneumonie par aspiration. L’EMA maintient par ailleurs ses recommandations actuelles pour Ixchiq pour les personnes âgées de 12 à 64 ans, alors qu’en France, la recommandation de la HAS ne cible que les personnes à partir de 18 ans.

Un lien de causalité très vraisemblable

L’EMA souligne que « la cause exacte de ces effets indésirables graves et leur relation avec le vaccin n’ont pas encore été déterminées » et rappelle aux professionnels de santé qu’Ixchiq « ne doit pas être administré aux personnes dont le système immunitaire est affaibli en raison d’une maladie ou d’un traitement médical ». De son côté, la HAS prend moins de pincettes dans son avis du 25 avril : « Le lien de causalité avec le vaccin […] semble très vraisemblable pour deux cas d’EIG neurologiques d’après l’ANSM, compte tenu du délai d’apparition des symptômes après la vaccination, des symptômes présentés par les patients et de la mise en évidence du virus vaccinal par PCR dans les prélèvements biologiques des patients. » Des conclusions concernant les cas d’EIG présentant des tableaux neurologiques sévères en accord avec les données remontées par le centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain (CDC).

Préserver la confiance

Si la vaccination par Ixchiq est donc provisoirement suspendue pour les personnes de plus de 65 ans, alors même qu’elles étaient en tête du schéma de priorisation français, notamment lorsqu’elles présentaient des comorbidités, elle demeure autorisée pour les 18-24 ans. Un état de fait qu’avait déploré le président de la FSPF le 26 avril dernier, estimant pour sa part qu’une suspension totale de la vaccination était de mise durant toute la durée de l’investigation. Fervent défenseur de l’immunisation par l’acte vaccinal, Philippe Besset, qui avait milité pour une campagne massive de vaccination contre le chikungunya à La Réunion au début de la flambée épidémique, estime cependant que la préservation de la confiance de la population est essentielle. Dans ce contexte, il appelle ses confrères à respecter la loi et à dispenser le vaccin dès lors qu’il est demandé, mais de ne pas faire de « l’aller vers » et de bien délivrer tous les conseils concernant les risques associés à cette vaccination. Le dernier bulletin de la surveillance épidémiologique du chikungunya, publié le 7 mai par Santé publique France, fait état d’une baisse des indicateurs aux urgences et en médecine de ville mais rappelle que l’épidémie est toujours active. Par ailleurs, il est craint une « augmentation du risque que des cas contaminés à La Réunion donnent lieu à l’installation d’une chaîne de transmission autochtone en Hexagone (début de la période la plus propice à l’activité du moustique vecteur en France hexagonale). »

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