N°1369
Avril 2025

Leclerc attaque le monopole… depuis 68 ans

Leclerc diffuse, depuis le 21 avril, sa énième publicité réclamant de vendre du paracétamol et d’autres médicaments sans ordonnance. Une rengaine qui exaspère les pharmaciens depuis 1957.

© adobestock_Prot
par Mélanie Mazière
Le 25 avril 2025

Ils ont beau avoir l’habitude de ses attaques, chaque nouvelle publicité Leclerc pour casser le monopole pharmaceutique est un motif d’énervement pour les confrères. Celle diffusée depuis lundi dernier ne déroge pas à la règle, en sous-entendant que si on l’empêche de proposer des médicaments dans ses enseignes, c’est parce qu’il les vendrait « à prix Leclerc ».
Sans même rappeler que le prix des médicaments à prescription médicale facultative (PMF) en France est parmi les moins élevés d’Europe, Philippe Besset, président de la FSPF, avoue ne plus prendre la peine d’y répondre argument par argument. Car, rappelle-t-il, cela fait soixante-huit ans que Leclerc attaque le monopole, deux fois par an. La précédente campagne date d’ailleurs seulement d’octobre 2024. Un « comique de répétition » qui ne fait rire personne, s’est désolé Philippe Besset lors de son Live hebdomadaire. Car le paracétamol, que l’enseigne aimerait tant avoir dans ses rayonnages, n’est pas « un bien de consommation courante » mais un médicament dont le surdosage « peut causer des dommages graves et irréversibles au foie », rappelle l’ANSM. C’est même « la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France ». Une donnée dont le porte-parole des étudiants en pharmacie (Anepf), Valentin Masseron, s’est emparé sur les réseaux sociaux, tout en appelant le ministère de la Santé à « légiférer sur ces publicités » dans le cadre de « la lutte contre la désinformation en santé ».

Mise en demeure

Outre le paracétamol, Leclerc a eu la bonne idée d’insister sur son droit de vendre de « la vitamine C à prix Leclerc » en utilisant une photo de Vitascorbol C 1 000, un produit de la Cooper, partenaire historique des pharmaciens. Le laboratoire, qui affirme ne pas avoir été sollicité et encore moins avoir donné son accord pour l’utilisation de sa vitamine C, l’a mis en demeure de cesser immédiatement cette communication. Quant au Vitascorbol, il précise ne plus avoir le statut de médicament mais de complément alimentaire depuis 2020, pour des raisons d’approvisionnement en matière première. Et déplore donc son instrumentalisation pour réclamer le droit de vendre du paracétamol, alors que la Cooper y est, elle aussi, formellement opposée pour des raisons de santé publique.
Entre le paracétamol et la vitamine C, les choix de Leclerc pour attaquer le monopole sont particulièrement malvenus. De son côté, Philippe Besset a partagé son inquiétude sur les réseaux sociaux quant au sérieux de l’enseigne en cas de retrait de produits. Preuve en est, hier encore, il a pu passer commande d’un complément alimentaire à base de garcinia cambogia sur le site Internet de Leclerc… interdit à la vente depuis le 18 avril dernier. « La protection des patients est la priorité des pharmacies », a-t-il commenté. Dans son Live, il a néanmoins appelé à scruter les intentions et actions de Michel-Édouard Leclerc, qui pourrait se présenter à la présidence de la République. « Il a déjà détruit les petits commerces ainsi que les relations avec les paysans et autres fournisseurs. Il s’attaque à la destruction du système de santé. […] Il trouvera les pharmaciens sur sa route ! »

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