N°1368
Mars 2025

Quatre honoraires pour un avenant

La dernière étape du Tour de France de la convention était notamment consacrée aux discussions sur le volet économique qui doivent s’ouvrir prochainement.
par Paul Kristoff
Le 08 mars 2023

La crise sanitaire a profondément chamboulé le quotidien des pharmaciens ainsi que l’économie de leurs officines, boostée par les ventes de masques de protection, la vaccination anti-Covid ou encore la réalisation de tests antigéniques. Mais cette hausse d’activité liée à la pandémie n’est, par principe, pas pérenne. Les partenaires conventionnels ont par conséquent convenu de se pencher plus spécifiquement sur le volet économique de la convention dans un second temps, avec l’objectif de signer un avenant sur le sujet à la fin de l’année 2023 au plus tard. Les discussions devraient s’ouvrir au cours du second semestre de cette année. Toutefois, à l’occasion de la dernière étape du Tour de France de la convention organisé par la FSPF, son président, Philippe Besset, a fait part des pistes de travail étudiées par son syndicat. Plus précisément, il soumet la mise en place de quatre nouveaux honoraires. Le premier s’inscrit dans le contexte de la proposition de loi pour l’amélioration de l’accès aux soins porté par la députée Stéphanie Rist. Il s’agit de rémunérer le renouvellement mois par mois (durant trois mois maximum) des prescriptions périmées de patients chroniques en cas d’indisponibilité du prescripteur, envisagé par ce texte. Pour Philippe Besset, cette mesure nécessite en effet d’y consacrer un peu de temps pour s’assurer que les conditions d’un tel dépannage soient remplies. « Cela pourrait être une des missions du pharmacien correspondant », suggère-t-il.
La FSPF propose également de mettre en place des « honoraires de dispensation protocolisée » qui seraient versés en contrepartie de la délivrance de spécialités habituellement sur ordonnance. En fait, « il faudrait créer une liste de médicaments qui seraient “protocolisables” et potentiellement admissibles au remboursement dans certains cas, comme on l’a fait pour la pilule du lendemain », explique Philippe Besset. Dans le cadre du bon usage du médicament, le syndicat plaide pour la création d’honoraires spécifiques afin de rémunérer les interventions des équipes officinales sur les prescriptions. Enfin, les futures négociations économiques doivent concourir à trouver des solutions pour soutenir les officines des territoires qui se retrouvent sans médecin. Comment ? Pourquoi pas par une majoration des actes pour la continuité des soins, avance Philippe Besset, qui juge de toute façon nécessaire de trouver un modèle économique pour ces officines.

Se recentrer sur le médicament

Pour le président de la FSPF, les négociations à venir ne doivent pas élargir l’éventail des missions de santé publique du pharmacien, certaines attendant toujours d’être déployées, mais permettre de se « reconcentrer sur le médicament ». Avis partagé par le directeur général de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, qui pense aussi que « la barque est bien chargée en matière de santé publique ». En ce qui concerne les honoraires proposés par la FSPF, ce dernier ne ferme pas la porte à ces nouvelles rémunérations, tout en se gardant bien de se prononcer pour le moment. « Ce sont de gros sujets sur lesquels je ne vais pas répondre par oui, non ou peut-être », prévient-il, avant d’ajouter : « Mettons-les à l’instruction et à la discussion partagée pour voir de quelle façon il est possible de nourrir nos échanges de 2023. »

Partenaires officiels : Paymed, R+, Sandoz, Sanofi, Zentiva.

Le regard des patients

Gérard Raymond apprécie les pharmaciens. « Vous êtes des gens extrêmement intéressants qui savez évoluer », affirme le président de France Assos Santé. Pour lui, les officinaux comprennent les réalités du terrain et les difficultés des territoires. « Il y a une grande logique dans vos négociations pour être au plus près des patients qui viennent vous voir et répondre à leurs attentes », souligne-t-il. À ses yeux, la pharmacie est un lieu de « ­prévention et de dialogue » et une « partie centrale » du système de santé. Quant au numérique en santé, dont la convention entend accompagner le développement à l’officine, Gérard Raymond estime qu’il n’est qu’un outil qui doit permettre de créer du lien entre les patients et les professionnels de santé, mais aussi entre les praticiens.

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