N°1368
Mars 2025

Copains comme cochons

Le cochon meilleur ami de l’homme ? De nombreuses recherches et des prouesses dans le domaine des xénogreffes le laissent à penser.

par Hélène Bry
Le 05 mars 2022
  • 🇺🇸 États-Unis

    Coeur de cochon

    Cette greffe d’un cœur de cochon était l’ultime recours pour un homme de 57 ans, hospitalisé six semaines auparavant avec une arythmie sévère. Du fait de la gravité de sa maladie, ce patient n’était éligible ni à une transplantation de cœur humain ni à l’implantation d’un cœur artificiel. Après avoir été informé des risques d’une telle intervention, il a été opéré le 7 janvier 2022 au centre de santé Langone de l’Université de New York. Le cœur utilisé était issu d’un cochon génétiquement modifié pour éviter les rejets. Trois gènes reconnus pour induire une réponse de rejet immunitaire chez l’humain ont été éliminés, un quatrième a été ôté pour éviter que le cœur ne grandisse trop et six gènes humains ont été ajoutés au génome de l’animal pour rendre le cœur plus compatible avec notre système immunitaire. Quelques jours plus tôt, le 31 décembre 2021, la FDA avait accordé une autorisation d’urgence pour cette opération de la dernière chance qui s’est révélée un succès et une avancée chirurgicale majeure, surtout au regard de la pénurie d’organes humains.

  • 🇺🇸 États-Unis

    Respiration rectale

    En pleine pandémie de Covid-19, cette info surprenante est presque arrivée comme une bouffée d’oxygène… Des scientifiques du centre médical de l’Université du Nebraska ont réussi à faire respirer des porcs par le rectum. Comment ? En leur injectant dans le colon des bulles de graisse micrométriques. L’intérêt de ce procédé est de permettre la diffusion dans la circulation sanguine d’une plus grande quantité d’oxygène que sous forme gazeuse.
    Cette expérience inédite a été réalisée sur 12 porcs pesant chacun 40 à 50 kilos. Les pauvres bêtes ont d’abord été exposées à de la fumée, faisant chuter leur saturation en oxygène à 66 %. L’injection de microbulles de graisse à 6 des porcs a fait remonter leur oxygénation sanguine à 81 % en 2 h 30 heures. Les 6 autres cochons enfumés n’ont pas été traités et leur saturation est descendue dans le même temps à 53 %. Le but de cette étrange expérience est de chercher des alternatives au placement sous assistance respiratoire.

  • 🇺🇸 États-Unis

    Reins de porc

    Deux reins d’un porc génétiquement modifié ont été greffés à un homme de 57 ans en état de mort cérébrale à l’école Heersink de médecine de l’Université de l’Alabama à Birmingham, le 30 septembre 2021. Les organes transplantés ont réussi à filtrer le sang, produire de l’urine et, point crucial, n’ont pas été immédiatement rejetés.
    Ils sont restés viables jusqu’à ce que l’équipe, qui a publié dans l’American Journal of Transplantation le 20 janvier 2022, ne mette un terme à l’expérience 77 heures après la transplantation. Le porc dont étaient issus les reins avait subi 10 modifications génétiques importantes pour être « humanisé ». Les organes de cochons OGM pourraient devenir une source de greffons si des essais cliniques démontrent la sécurité de cette méthode, non sans soulever
    par ailleurs des questions éthiques.

  • 🇧🇪 Belgique

    Peste porcine, l'autre pandémie

    Maladie virale hémorragique fort heureusement non transmissible à l’homme, la peste porcine se transmet via les sangliers qui côtoient parfois certains élevages. Mortelle à 100 % dans sa phase aiguë, elle existe depuis au moins un siècle chez les suidés (phacochères, potamochères ou autres hylochères) sauvages d’Afrique subsaharienne, mais sous forme asymptomatique. Décrite pour la première fois au Kenya en 1921, ses premières incursions hors d’Afrique datent de 1960. Depuis 2014, elle gagne du terrain en Europe via notamment les pays baltes, la Pologne, mais aussi la Belgique (septembre 2018), l’Allemagne (septembre 2020) et même l’Italie (janvier 2022). En France, encore épargnée, la peste porcine est classée « danger sanitaire de première catégorie » par l’Anses. Au point que début 2019, une clôture de 132 kilomètres avait même été érigée au niveau de la frontière belge, où plus de 833 sangliers avaient été testés positifs entre septembre 2018 et mars 2020.

  • 🇨🇳 Échine

    Cochon-singe

    Des scientifiques chinois sont parvenus à mettre au monde des bébés cochons avec des cellules de singe. Les chercheurs, qui ont publié les résultats de leur
    expérience le 28 novembre 2019 dans Protein & Cell, ont commencé par modifier génétiquement des cellules souches de singe afin qu’elles produisent une protéine fluorescente permettant, par la suite, de repérer exactement leur proportion et leur localisation chez les cochons. Ils ont ensuite injecté ces cellules dans des embryons de porcs, 5 jours après leur fécondation. Sur les 4 000 embryons implantés chez des truies, seulement 10 porcelets sont arrivés à terme et nés vivants, dont deux avec des cellules de macaque au niveau du cœur, du foie, des poumons, de la rate et de la peau. Dans quelle proportion ? Une cellule de primate pour 1 000 à 10 000 cellules porcines, selon les organes. Ce « succès » chinois a toutefois été de courte durée puisqu’aucun des malheureux hybrides n’a survécu plus d’une semaine. Le but de la manœuvre ? Chercher à produire, un jour, des organes humains dans des animaux pour les transplanter ensuite à l’homme, avec toutes les graves questions éthiques que cela engendre. D’autant que pour espérer trouver un jour des débouchés en médecine, ces expériences doivent être menées avec des cellules humaines implantées dans des embryons d’animaux, faisant courir le risque qu’elles se développent dans des cerveaux animaux et leur confèrent des qualités humaines que l’on ne maîtriserait pas.

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