N°1368
Mars 2025

Du nouveau en diabéto

Près de 540 millions de personnes dans le monde sont touchées par le diabète, majoritairement de type 2. Voici les dernières pistes originales pour contrer cet ennemi.

© Canva - Proxima Studio
par Hélène Bry
Le 26 novembre 2023
  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Maléfique malbouffe

    En quarante ans, les cas de diabète de type 2 (DT2) dans le monde ont plus que quintuplé, passant de 108 millions en 1980 à 537 millions en 2021. Le mal n’a fait que croître, comme pour l’obésité : 100 millions d’adultes obèses en 1980, 764 millions aujourd’hui. Le lien avec l’arrivée massive d’aliments ultra transformés dans les assiettes est clair. Mais des chercheurs de l’Université Tufts à Boston ont pu quantifier l’influence réelle de cette malbouffe sur le risque de développer un DT2.
    Ils ont scruté la consommation de 11 groupes d’aliments dans 184 pays entre 1990 et 2018 et en concluent, dans Nature le 17 avril 2023, que 70 % des nouveaux cas de DT2 seraient attribuables à une mauvaise alimentation, soit une sur- ou sous- consommation de certains groupes alimentaires.
    Quels déséquilibres ont été les plus délétères ?
    La consommation de viande rouge et de boissons sucrées est devenue très supérieure aux apports recommandés : elle est de fait passée de 43,6 g/j en 1990 à 56,5 g/j en 2018 alors que l’apport optimal est de 14,3 g/j. La surconsommation de céréales raffinées est aussi sur le banc des accusés, tandis que les céréales complètes font défaut. Enfin, il existe des disparités régionales : globalement, le facteur alimentaire dans l’apparition du DT2 est plus important en Europe et en Asie centrale où l’on consomme pommes de terre et viande en quantité, qu’en Asie du Sud ou en Afrique subsaharienne.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Vers une nouvelle classe d’antidiabétiques

    Dans une étude coordonnée par le biochimiste français Vincent Marion, du Laboratoire de génétique médicale (Inserm/ Université de Strasbourg), en collaboration avec Alexander Fleming, ex-directeur de la division Diabètes de la FDA, et les universités de Birmingham (Royaume-Uni) et Monash (Australie), des scientifiques ont conçu un produit appelé PATAS dans une nouvelle classe d’antidiabétiques, les « Adipeutics » (pour « thérapeutiques
    ciblant spécifiquement l’adipocyte »).
    Ce nouveau médicament, dont les caractéristiques ont été détaillées dans Diabetes de septembre 2022, « possède la particularité de traiter l’origine même du diabète de type 2 et des comorbidités associées, notamment la résistance à l’insuline », affirme le communiqué Inserm du 13 juillet 2022. « PATAS cible en effet de manière spécifique les adipocytes en y restaurant l’absorption du glucose et en rétablissant ainsi la physiologie métabolique du tissu adipeux ». Prochaine étape :
    l’organisation d’un essai clinique chez l’humain qui devrait pouvoir se concrétiser prochainement. La société biotechnologique française Adipo- Pharma, fondée par Vincent Marion, a ainsi annoncé début 2023 être parvenue à obtenir un financement.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Poigne : en avoir ou pas ?

    Une étude prospective, qui a suivi sur vingt ans 776 Finlandais âgés de 60 à 72 ans, suggère que la force de la poignée de main serait directement corrélée au risque de développer un diabète de type 2 (DT2). Les patients ont été soumis, entre 1998 et 2018, à 4 tests de force avec un dynamomètre de main : au début de l’étude puis après 4, 11 et 20 ans. Les résultats, normalisés en fonction du sexe, de la taille et du poids, ont montré une forte corrélation entre le risque de DT2 et la force musculaire, surtout chez les femmes. Cette corrélation dépassait même l’effet de certains facteurs connus comme l’âge, les antécédents, l’HTA, la consommation de tabac ou la glycémie à jeun. « Ces résultats peuvent avoir des implications dans le développement des stratégies de prévention du diabète de type 2 », commente Setor Kunutsor de l’Université de Bristol, auteur principal de ces travaux publiés le 3 septembre 2020 dans Annals of Medicine. Il ajoute : « La mesure de la poignée de main est simple, peu coûteuse et ne requiert pas d’expertise ou de ressources particulières ; elle pourrait s’avérer un outil clinique précieux pour l’identification précoce des personnes à haut risque de DT2 futur ». Les auteurs précisent que leurs résultats
    nécessitent d’être confirmés à bien plus large échelle.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Queen pour produire de l'insuline

    Des chercheurs de l’Université de Bâle et de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) publient en septembre 2023 dans The Lancet Diabetes &
    Endocrinology une étude aussi sérieuse que rock’n’roll ! Ils ont encapsulé des cellules de synthèse capables de produire de l’insuline et les ont implantées
    dans le corps de souris diabétiques. Ils ont ensuite testé différents éléments susceptibles de déclencher la production d’insuline : lumière, température, champs électriques et ondes sonores sous forme de plusieurs styles musicaux. Celui qui provoquait la réponse insulinique la plus forte était le rock à 85 décibels et parmi les titres expérimentés, l’iconique We Will Rock You de Queen induisait la meilleure réponse. « La chanson a déclenché 70 % de la réponse insulinique en 5 minutes et la totalité en 15 minutes. Ces résultats sont comparables à la réponse insulinique naturelle induite par le sucre chez les individus en bonne santé », note Martin Fussenegger, l’auteur principal. L’équipe, qui a obtenu de moins bons résultats avec la musique classique, précise que les tests n’ont été concluants que lorsque la source sonore est jouée directement sur la peau, au-dessus de l’implant.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Thé noir porteur d'espoir

    Boire du thé noir peut-il aider à contrôler la glycémie ? C’est ce qu’avance une étude qui vient d’être présentée au congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD). Ces travaux, mis en ligne le 4 octobre 2023 dans Diabetologia par Tongzhi Wu de l’Université d’Adélaïde et des collègues chinois, suggèrent qu’une consommation quotidienne de thé noir peut atténuer le risque de survenue et la progression du diabète de type 2. Ils ont porté sur 1 923 hommes et femmes de 20 à 80 ans vivant dans 8 provinces de Chine dont 436 vivaient avec le diabète, 352 avec un prédiabète et 1 135 avaient une glycémie normale. Tous ont été interrogés sur la fréquence à laquelle ils buvaient du thé et lequel (vert, noir ou autre). Le postulat était qu’une consommation quotidienne de thé pourrait impacter la glycémie en augmentant l’excrétion de sucre dans les urines et en diminuant la résistance à l’insuline. Les scientifiques ont donc scruté l’association entre la fréquence à laquelle les gens buvaient quel type de thé d’une part et l’excrétion urinaire de glucose (rapport glucose/créatinine dans l’urine du matin), la résistance à l’insuline (glucose plasmatique et triglycérides à jeun) et l’état glycémique d’autre
    part. Hypothèse confirmée selon eux. « Les effets favorables sur la santé étaient plus marqués chez les buveurs quotidiens de thé noir qui présentent un risque de prédiabète réduit de 53 % et un risque de diabète de type 2 réduit de 47 % par rapport aux personnes qui ne boivent jamais de thé », concluent
    les auteurs. La façon unique dont le thé noir est produit, impliquant une fermentation microbienne qui génère des composés bioactifs (alcaloïdes, acides aminés libres, polyphénols et polysaccharides) aux effets antioxydants et anti-inflammatoires, pourrait améliorer la sensibilité à l’insuline et les performances des cellules bêta du pancréas.

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