N°1368
Mars 2025

La longévité livre ses subtilités

« J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé », clamait Voltaire. Un bon mot de philosophe récemment validé par la science… Petit tour d’horizon des dernières études sur la longévité humaine !

par Hélène Bry
Le 26 juin 2023
  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Les optimistes graines de longévité

    Les effets délétères du stress sur certaines maladies, notamment inflammatoires et cardiovasculaires, sont avérés. Des études ont même confirmé la nocivité d’émotions négatives comme l’angoisse, l’anxiété ou l’humeur dépressive sur l’espérance de vie. Mais les travaux manquaient pour évaluer, à l’inverse, à quel point les facteurs psychologiques positifs protègent contre les maladies et favorisent la longévité. Des chercheurs de l’École de santé publique de Harvard ont étudié 71 173 personnes en deux cohortes durant 10 et 30 ans. Tous ont été initialement interrogés sur leur propension à l’optimisme, puis suivis au fil du temps pour connaître leur état de santé (et enregistrer les décès). Les résultats, parus dans PNAS en août 2019, montrent une corrélation statistique forte entre niveau d’optimisme et durée de vie de 9 à 11 % plus longue que celle des moins optimistes. Des chiffres à peine plus faibles que ceux observés pour des facteurs protecteurs comme l’absence de diabète ou de pathologie cardiaque. Le caractère optimiste est même associé à une hausse de 50 à 70 % de la probabilité de dépasser 85 ans ! Autant de raisons de voir son verre à moitié plein cet été à l’heure de l’apéro !

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Découverte révolutionnaire sur les télomères

    On pensait que l’unique vocation des télomères, qui forment l’extrémité des chromosomes, était de protéger l’ADN. Mais des chercheurs de l’université de Caroline du Nord viennent de faire une importante découverte, publiée le 22 février 2023 dans PNAS : les télomères codent pour deux protéines, VR et GL,
    dont la première est retrouvée en grande quantité en cas de cancer. Cela « va changer notre compréhension du cancer, du vieillissement et de la manière par laquelle les cellules communiquent les unes avec les autres », note Jack Griffith, professeur de microbiologie et d’immunologie à l’université de Caroline du Nord. Lesdites protéines sont uniquement constituées de répétitions de 2 acides aminés : la première de valine (V) et d’arginine (R), la seconde de glycine (G) et de leucine (L). Taghreed Al-Turki, postdoctorante dans le laboratoire de Jack Griffith, souligne : « La quantité de protéines VR et GL augmenterait avec l’âge. Ce qui permettrait aux scientifiques de les utiliser comme biomarqueur du vieillissement pour évaluer l’âge biologique d’un individu. » Griffith évoque même « le développement d’un test sanguin qui permettrait de détecter la présence d’un cancer ou encore d’une inflammation ».

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Appendice pas bête

    Quel est le point commun entre un ornithorynque, un castor, un humain et un lamantin ? Le fait d’être un mammifère pourvu d’un appendice, petite structure anatomique abdominale appendue au côlon. Longtemps considéré comme inutile, voire dangereux, puisqu’ôté en cas d’inflammation faisant craindre une péritonite, l’appendice fait depuis quelques années l’objet de nombreuses recherches. L’équipe menée par Éric Ogier-Denis de l’Inserm et Michel Laurin du Muséum national d’histoire naturelle a analysé les données de 258 espèces de mammifères, 39 avec et 219 sans appendice. Elle a montré que la présence de cette excroissance est corrélée à un allongement de la longévité maximale observée pour l’espèce : comparé à un mammifère du même poids qui en est dépourvu, un spécimen en possédant un vit plus vieux. L’appendice, par sa forme, favoriserait la création d’un sanctuaire bactérien sélectif, avancent les auteurs dans le Journal of Anatomy du 7 juillet 2021, permettant d’abaisser la mortalité par diarrhée infectieuse en aidant à la recolonisation rapide des espèces bactériennes essentielles à l’hôte.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Réveil de virus et vieillissement

    Des chercheurs chinois ont mis en évidence, le 19 janvier 2023 dans Cell, que le réveil de certains virus tapis dans notre génome pourrait être en partie responsable du vieillissement de nos cellules. En effet, certaines infections virales survenues il y a des milliers ou des millions d’années ont laissé dans notre ADN des séquences génétiques qui représenteraient jusqu’à 8 % du génome ! Bien que très majoritairement inactifs, une minorité de ces virus serait encore capable de former de nouvelles copies. Mais la parade existe ! Notre organisme bloque la possible activité de ces séquences grâce à un système épigénétique
    les empêchant d’accéder à la machinerie reproductive. Malheureusement, les auteurs ont découvert que cette protection diminue avec l’âge : chez les personnes âgées, ces virus qui peuvent éventuellement se réveiller, sont susceptibles d’infecter les cellules alentour et accélérer le vieillissement. En comparant des cellules jeunes et des vieillissantes, ils ont ainsi repéré que les séquences virales ancestrales étaient plus souvent exprimées dans les secondes
    en raison d’une baisse d’efficacité du système de protection épigénétique. Les chercheurs chinois se prennent désormais à rêver que des antiviraux
    puissent empêcher la propagation des virus aux cellules voisines chez les personnes âgées.

  • 🇦🇨 Île de l'Ascension

    Extrême limite d'âge

    Les chercheurs de Gero, une société de biotechnologies basée à Singapour, en collaboration avec ceux du Roswell Park Comprehensive Cancer Centre de
    Buffalo (États-Unis,) ont publié dans Nature Communications, en mai 2021, les résultats d’une étude évaluant l’âge maximal auquel un être humain
    finit par mourir, même sans maladie.
    Selon ces experts, la durée de vie humaine repose sur plusieurs piliers : l’âge biologique (sur lequel il a été démontré que le stress a un impact), le mode de vie, les maladies chroniques et la résilience, à savoir la vitesse avec laquelle un individu revient à son état physique initial après un stress. Or, le temps de
    récupération augmente avec l’âge : il passe de 2 semaines pour un adulte de 40 ans en bonne santé, à 6 semaines à 80 ans, et ainsi de suite jusqu’à ce que le corps humain présente « une perte totale de la résilience, c’est-à-dire la capacité à récupérer, à un âge autour de 120/150 ans ». Cette découverte constitue une « percée conceptuelle », selon le professeur Andrei Gudkov du Roswell Park qui a collaboré à l’étude, et « explique pourquoi même la prévention et le traitement les plus efficaces des maladies liées à l’âge ne peuvent qu’améliorer la durée de vie moyenne, mais pas la durée de vie maximale ». Les chercheurs de Gero notent ainsi que « la perte de résilience prévue, même chez les individus les plus sains et les plus vieillissants, pourrait expliquer pourquoi nous ne
    constatons pas d’augmentation évidente de la durée de vie maximale, alors que la durée de vie moyenne n’a cessé de croître au cours des dernières
    décennies ». David Sinclair, professeur de génétique à la Harvard Medical School, ajoute : « L’enquête montre que le taux de récupération est une
    signature importante du vieillissement qui peut guider le développement de médicaments pour ralentir le processus et prolonger la durée de vie. »

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