Le plastique, pas fantastique !

🇺🇸 États-Unis

Catalyseur d’antibiorésistance

Chaque année, des millions de tonnes de microplastiques sont rejetées dans les rivières et les océans, détruisant les écosystèmes. Des chercheurs de l’Institut de technologie du New Jersey (États-Unis) ont voulu en savoir plus sur le destin des microplastiques lorsqu’ils passent par des stations d’épuration. Leur étude, publiée dans le Journal of Hazardous Materials Letters de novembre 2021, est inquiétante car elle montre que, non contentes d’échapper au processus de traitement des eaux usées, ces substances permettent le développement à leur surface de bactéries pathogènes dont l’analyse génétique a mis en évidence un taux singulièrement élevé de résistance aux antibiotiques. En effet, à mesure que de nouvelles bactéries se fixent sur le microfilm formé par celles qui les ont précédées, elles échangent entre elles de l’ADN, favorisant ainsi la propagation de gènes d’antibiorésistance.

🇵🇹 Portugal

Bienvenue dans l’Anthropocène !

En 2016, Ignacio Gestoso, un biologiste marin du MARE, le Centre des sciences marines et environnementales du Portugal, remarque sur l’île de Madère un étrange vernis bleu incrusté sur les roches côtières. Fin 2019, il est l’auteur principal d’une étude dans Science of the Total Environment qui évoque une nouvelle roche à part entière, le « plasticroûte », couvrant 10 % de la surface des roches intertidales de l’île, soit celles des estrans situées entre les lignes hautes et basses des marées. « L’impact potentiel que ces nouvelles rouilles plastiques peuvent avoir doit être exploré plus avant car, par exemple,
leur ingestion potentielle par des organismes intertidaux supposerait une nouvelle voie d’entrée des plastiques dans les réseaux trophiques marins », s’inquiète-t-il. Les mollusques pourraient en effet prendre cette croûte plastique de 0,10 mm d’épaisseur, formant avec la roche un complexe semi-naturel d’une nouvelle nature, pour d’appétissantes algues.

🇬🇧 Royaume-Uni

On en a dans les poumons...

Des microplastiques viennent d’être découverts dans les poumons de personnes vivantes. Des chercheurs de l’Université de Hull (Royaume-Uni) ont scruté des échantillons de tissu pulmonaire sain prélevé à côté de cibles chirurgicales sur 13 patients subissant une opération et analysé par spectrométrie de masse les particules exogènes qui s’y trouvaient. Résultat de l’étude, acceptée pour publication dans Science of the Total Environment du 20 juillet 2022 : 11 des 13 patients avaient du plastique dans les poumons. Plus précisément, 12 types de polymères ont été identifiés : du polypropylène (PP) notamment présent dans les emballages ou les tuyaux, du polyéthylène téréphtalate (PET) utilisé pour la fabrication des bouteilles en plastique, des résines que l’on retrouve dans les peintures ou les pneus de voitures et du polyéthylène (PE), la matière plastique la plus commune. « Nous ne nous attendions pas à trouver le plus grand nombre de particules dans les régions les plus profondes des poumons, ni des particules aussi grosses […] car les voies respiratoires sont plus étroites dans les parties inférieures », s’étonne Laura Sadofsky, auteure principale, dans The Guardian du 6 avril 2022.

🇨🇳 Échine

Mauvais plan pour les plantes

La pollution aux microplastiques n’épargne pas les plantes. C’est ce qu’ont démontré des biologistes de l’Université du Shandong (Chine) dans une étude parue en juin 2020 dans Nature Nanotechnology. Pendant sept semaines, ils ont étudié le comportement de spécimens de l’espèce Arabidopsis thaliana, mis en contact avec des nanoparticules de plastiques fluorescentes et constaté que ces végétaux absorbent les plastiques au niveau des racines, puis les accumulent dans leurs tissus. Avec des dommages à tous les étages car leurs apports en nutriments et en eau se trouvent affectés, au point que le développement de certaines de ces plantes a pu être réduit de moitié. Même l’expression de leurs gènes de résistance aux maladies a pu être diminuée.

🇫🇷 France

...et aussi dans le sang !

On savait les microplastiques omniprésents dans l’environnement et la chaîne alimentaire, des études les ayant détectés dans l’air, l’eau, les denrées alimentaires et le microbiote intestinal. Mais pour la première fois, des chercheurs de l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas), qui publient le 24 mars 2022 dans Environment International, ont découvert des microplastiques dans le sang humain. À l’aide d’une méthode d’échantillonnage et d’analyse robuste et sensible, ils ont identifié des particules de plastique dans le sang de 22 volontaires en bonne santé en ne s’intéressant qu’à celles supérieures ou égales à
700 nm. Résultat : sur 5 types de plastiques recherchés, 4 ont été trouvés, à savoir le polyéthylène téréphtalate (PET), le polyéthylène (PE), les polymères du styrène et enfin le polyméthacrylate de méthyle. « Cela indique qu’au moins certaines des particules de plastique avec lesquelles les humains entrent en contact peuvent être biodisponibles et que le taux d’élimination via, par exemple, les voies biliaires, les reins ou le transfert et le dépôt dans les organes est plus lent que le taux d’absorption dans le sang », notent les auteurs. Ils concluent qu’il « reste à déterminer si les particules de plastique sont présentes dans le plasma ou sont transportées par des types de cellules spécifiques ». En effet, cela permettrait de savoir « si de telles expositions peuvent affecter la régulation immunitaire ou la prédisposition aux maladies à base immunologique ».