N°1368
Mars 2025

Le protoxyde d’azote n’est pas addictif : info ou intox ?

L’usage récréatif de protoxyde d’azote peut-il rendre « accro » ?

Le_Pharmacien_de_France
Le « ballon » provoque-t-il une addiction ?
© AdobeStock_ink_drop
par Hélène Bry
Le 11 avril 2025

Le protoxyde d’azote (N20) utilisé en analgésie et anesthésie l’est aussi dans un but récréatif par des personnes qui se procurent des cartouches pour les siphons à chantilly. Elles l’inhalent via un ballon de baudruche en recherchant ses effets rapidement euphorisants accompagnés de sensations d’ébriété et de désinhibition. Mais en plus des dangers avérés d’une intoxication chronique à ce produit – hypoxie cérébrale, neurotoxicité par déficit en vitamine B12 (notamment chez les végétariens), troubles neurocognitifs potentiellement irréversibles –, la question de l’existence d’une dépendance préoccupe de plus en plus. Une étude parue dans Addiction le 30 octobre 2023 a ainsi évalué à travers la littérature les données probantes concernant la présence et la prévalence des symptômes du trouble de l’usage de substances décrits dans le DSM-5 chez les consommateurs de N20.

Conclusion : ils présentaient au moins 4 des 11 critères d’addiction, à savoir consommer plus que prévu, y investir un temps considérable, rencontrer des problèmes sociaux ou interpersonnels et développer, pour les plus gros consommateurs, une utilisation dangereuse, notamment en conduisant.

Troubles de l’usage

Lors de récents webinaires, des témoignages de médecins accréditent cette thèse, comme celui du Pr Laurent Karila, psychiatre addictologue à Paul-Brousse (Villejuif), assurant qu’en consultation, « ceux qui consomment beaucoup et régulièrement présentent énormément de signes de trouble de l’usage modéré à sévère ».

Le réseau N20 des Hauts-de-France relate pour sa part que parmi les 144 patients pris en charge en 2024 au CHU de Lille, au CH de Roubaix et à l’hôpital Saint Vincent de Paul de Lille, la majorité présentait un usage récréatif quotidien et massif. Par ailleurs, certains d’entre eux avaient un historique de consommation considérable, allant jusqu’à plusieurs années. Les données recueillies montrent par ailleurs une augmentation progressive des doses, évoquant un phénomène de tolérance, note le Dr Sylvie Deheul (CHU de Lille). Pour le Dr Damien Scliffet (CH de Lens), les études disponibles suggèrent toutes qu’il y a donc un intérêt à initier une prise en charge addictologique.

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