N°1368
Mars 2025

Sacré remue-méninges !

De récentes découvertes montrent à quel point les chercheurs se creusent la cervelle pour percer les mystères du cerveau, espérant mieux soigner cet incroyable organe.

© Canva - Imagesrouges de Getty Imges
par Hélène Bry
Le 04 juin 2022
  • 🇺🇸 États-Unis

    Les clés de la porte d'entrée

    En empêchant toute effraction de produits toxiques dans le cerveau, la barrière hémato- encéphalique le protège, mais rend aussi très complexe le traitement des maladies neurologiques. Des chercheurs de l’université de Yale (États-Unis), publiés dans Nature le 4 mars 2022, ont élaboré un système permettant d’ouvrir cette fameuse barrière quelques heures afin d’administrer des médicaments. Pour y parvenir, ils ont travaillé sur des souris adultes disposant d’une voie de signalisation impliquée dans le maintien de l’intégrité de la barrière hémato- encéphalique, en l’occurrence un récepteur (Unc5B) capable de contrôler cette voie en la maintenant imperméable grâce à son ligand Netrin-1. La barrière ne peut s’ouvrir que dans deux cas : lorsque l’expression du récepteur Unc5B est éteinte et lorsqu’elle est allumée mais que son ligand Netrin-1 est absent. Les scientifiques ont donc développé et injecté aux rongeurs un anticorps capable de se fixer sur Netrin-1 et de masquer son site de liaison au récepteur Unc5B. Ainsi, la barrière demeure ouverte jusqu’à ce que l’anticorps soit éliminé par l’organisme. Cette découverte importante chez la souris est aussi une porte qui s’ouvre dans l’espoir d’une amélioration de la prise en charge chez l’homme des maladies du système nerveux central comme Parkinson ou la sclérose en plaques.

  • 🇺🇸 États-Unis

    Un bonnet "laveur de ciboulot"

    L’armée américaine soutient, à hauteur de 2,8 millions de dollars, un projet de bonnet équipé de 4 capteurs et 2 stimulateurs, permettant de mesurer l’activité électrique du cerveau avec un électroencéphalogramme et le flux sanguin avec un rhéoencéphalogramme. Un sonogramme orbital envoyant des impulsions d’ultrasons à travers les yeux et un doppler transcrânien complètent le dispositif. Le bonnet, sur lequel travaillent les ingénieurs de la Rice University (États-Unis) en collaboration avec l’hôpital Houston Methodist et le Baylor College of Medicine, a vocation à intervenir sur le système glymphatique grâce à la stimulation électrique intracrânienne et des impulsions sonores focalisées de faible intensité. L’objectif de ce programme de recherche est de mieux comprendre ce système glymphatique, découvert en 2012, qui fait que le cerveau endormi « sort les poubelles » en éliminant les déchets métaboliques à travers le liquide céphalo-rachidien. Quant à l’armée, elle espère ainsi améliorer les performances des soldats en les aidant à être bien reposés. Reste à savoir s’il sera aisé de tomber dans les bras de Morphée affublé d’un tel couvre-chef…

  • 🇫🇷 France

    Une queue et des ailes, ça vous tente ?

    Pouvons-nous ressentir des membres ajoutés comme faisant partie de notre corps ? Plusieurs études ont répondu par l’affirmative en attachant à des humains des prothèses robotiques actionnées par les mouvements d’un membre existant. Mais pour la première fois, un chercheur du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (France), Ganesh Gowrishankar, a montré, avec des chercheurs japonais, que notre cerveau peut accepter (« incarner » en termes techniques) un membre supplémentaire totalement indépendant. L’étude, parue le 14 février 2022 dans Scientific Reports, porte sur un « sixième doigt » artificiel expérimenté par 18 participants. Attaché près de leur petit doigt, il est commandé par 4 muscles du poignet et du doigt dont la particularité est de ne pas piloter d’autres membres.
    Résultat : plus ce membre surnuméraire est incarné, plus la personne a de difficulté à appréhender le bord de sa main, preuve qu’elle commence à sentir que ce « doigt » en fait partie. Voilà des résultats prometteurs pour le développement des membres artificiels avant une extension prévue de l’étude pour vérifier si notre cerveau peut incarner des membres que les humains n’ont pas, comme une queue ou des ailes.

  • 🇺🇸 États-Unis

    Le cerveau trinque

    Une équipe de l’université de Pennsylvanie (États-Unis) a examiné les IRM cérébrales de 36 678 patients adultes d’âge moyen et plus âgés, généralement en bonne santé, à partir des données de la biobanque britannique. Et leurs résultats, publiés dans Nature le 4 mars 2022, ne sont guère enivrants ! « La consommation d’alcool est négativement associée aux mesures globales du volume cérébral, aux volumes de matière grise régionaux et à la microstructure de la matière blanche », constatent- ils. Selon l’analyse des données effectuée, « les associations entre consommation d’alcool et volume de matière grise régional sont évidentes dans tout le cerveau, les changements de volume les plus importants étant observés dans le cortex frontal, pariétal et insulaire, les régions temporales et cingulaires, le tronc cérébral, le putamen et l’amygdale ». Et pour la matière blanche, ce n’est guère plus engageant. Le plus inquiétant étant que « la plupart de ces associations négatives sont apparentes chez les individus consommant en moyenne seulement une à deux unités d’alcool
    par jour ». Soit, en gros, deux bières. Vous avez dit « Santé » ?

Partager ce contenu
À lire aussi
Le safran comme solution magique au TDAH ? Les belles promesses prospèrent sur fond d’approximation scientifique et d...
Il est communément admis que l’alcool s’évapore totalement à la cuisson. Qu’en est-il vraiment ?
Bienvenue sur le nouveau site du Pharmacien de France !

Vous êtes déjà abonné ?
Connectez-vous pour mettre à jour vos identifiants :

 

Vous n’êtes pas encore abonné ?
Rejoignez-nous !