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« No sports ! » : tout le monde connaît cette saillie de Churchill interrogé sur les secrets de sa longévité. Humour british mis à part, de nombreuses études viennent expliquer en détail les bienfaits du sport pour la santé.
🇺🇸 États-Unis
L'effort dope la mémoire
Un essai clinique de phase III, présenté le 2 août 2022 à l’Alzheimer’s Association international Conference (AAIC) à San Diego, montre que la pratique d’une activité physique durant un an semble avoir stabilisé les performances cognitives d’adultes âgés présentant un déclin cognitif léger (MCI) de type amnésique. Ces résultats prometteurs sont issus de l’étude EXERT, qui a inclus 296 personnes âgées de 65 à 89 ans ayant des problèmes de mémoire légers et les a randomisés entre 2 types d’activité physique, soit d’intensité modérée (exercice d’aérobie), soit d’intensité plus faible (mouvements d’étirement et d’équilibre), pendant 18 mois. L’âge moyen des participants, observants même en pleine pandémie, était de 75 ans, et 57 % étaient des femmes. Laura Baker, de la Wake Forest University School of Medicine à Winston-Salem (Caroline du Nord), est admirative : « Les participants ont réalisé un total de plus de
31 000 séances d’exercice au cours des 12 premiers mois de l’étude, ce qui est assez impressionnant pour ce profil particulier de personnes », chacune ayant à son actif « plus de 100 heures d’exercice ». Les données montrent qu’après un an de sport, les scores mesurant les capacités cognitives des personnes sont comparables à ceux mesurés à l’inclusion. Les chercheurs ont comparé ces résultats à ceux d’un autre groupe inclus dans une étude suivant l’évolution naturelle des personnes atteintes de MCI (ADNI-1 MCI). Après appariement sur l’âge, le sexe, le niveau d’instruction et le niveau cognitif, le constat est clair : les fonctions cognitives des participants n’ayant pas fait d’exercice s’étaient détériorées en 12 mois, contrairement à celles des participants de l’essai EXERT. « Le message à retenir est que le fait d’augmenter le niveau d’exercice de 120 à 150 minutes par semaine pendant 12 mois, semble ralentir le déclin cognitif », s’est réjouie Laura Baker.
🇩🇰 Danemark
Se faire suer le matin ou le soir ?
Existe-t-il un moment du jour idéal pour transpirer ? Des chercheurs californiens, danois et allemands se sont penchés sur la question et ont publié un article dans Cell le 1er février 2022. Ils ont mesuré, chez la souris, la concentration de centaines de métabolites dans le sérum ainsi que dans sept parties différentes de l’organisme : le foie, l’hypothalamus, les muscles, le cœur, le tissu adipeux gris et deux types de tissus adipeux blancs. Les rongeurs devaient trotter sur un tapis roulant pendant une heure, soit le soir, soit le matin. Résultat des courses (sur tapis) : les métabolites produits par un même organe à la suite d’un effort physique identique ne sont pas les mêmes suivant que la souris a cavalé le matin ou le soir. Ainsi, faire du sport le matin agit plutôt sur le métabolisme immédiat des sucres et des graisses, tandis que « se bouger » le soir permet d’augmenter sa dépense énergétique globale dans la durée. L’étude montre aussi que pratiquer une activité physique dès le réveil a pu aider à recaler l’horloge interne de souris au sommeil perturbé. Les chercheurs reconnaissent que leur étude présente certaines limites puisqu’ils n’ont pas pris en compte l’âge, le sexe ou l’existence d’une éventuelle maladie métabolique chez les sportives murines. Toutefois, elle ouvre de vraies perspectives de recherche sur le sport en fonction des rythmes circadiens.
🇸🇪 Suède
Point trop n'en faut
Des chercheurs de l’École du sport de Stockholm ont publié dans Cell Metabolism, le 4 mai 2021, une étude explicitement intitulée : « Un entraînement physique excessif provoque une altération fonctionnelle des mitochondries et diminue la tolérance au glucose chez des volontaires sains ». Comment ont-ils procédé ? Ils ont fait effectuer à 11 volontaires des exercices de vélo de plus en plus intenses pendant 4 semaines et mesuré le taux de glucose des cyclistes, leur capacité cardiovasculaire et leur fonctionnement mitochondrial à l’aide de biopsies musculaires. Les trois premières semaines, les performances des cobayes à vélo n’ont cessé de grimper, mais les choses ont déraillé la quatrième semaine, quand ils ont été soumis à un rythme infernal avec des séances de 152 minutes d’exercice intensif. Lors de cette phase, la respiration mitochondriale, qui produit l’adénosine triphosphate (ATP) fournissant l’énergie aux cellules, a diminué de 40 %. Or, « un mauvais fonctionnement des mitochondries induit une capacité réduite à répondre à l’approvisionnement en nutriments et à faire correspondre la respiration mitochondriale à la demande métabolique », notent les auteurs. Par ailleurs, la tolérance au glucose, évaluée en mesurant le taux de glucose avant et après consommation d’une boisson sucrée s’est avérée en chute libre. Après une période de récupération, les cobayes ont pu rétablir en partie leur fonctionnement original, mais pas complètement : à la suite de cette semaine intense, leur tolérance au glucose est restée 25 % inférieure après récupération que suite à une semaine d’exercices modérés. Le sport excessif pourrait-il favoriser le diabète ? D’autres études seraient les bienvenues pour explorer cette piste.
🇪🇸 Espagne
Sport anti-covid
Des chercheurs de l’université de Valence ont effectué une méta- analyse de 16 études, publiées entre novembre 2019 et mars 2022, pertinentes pour explorer l’impact de l’activité physique régulière sur le risque d’infection à la Covid-19 et de sa gravité. Ces études, menées en Corée du Sud, Iran, Royaume-Uni, Espagne, Brésil, Palestine, Afrique du Sud et Suède, portent sur 1,8 million de volontaires, dont 54 % de femmes, avec un âge moyen de 53 ans.
L’analyse des données regroupées, publiée le 23 août 2022 dans le British Journal of Sports Medicine, montre que, globalement, ceux qui incluaient une activité physique dans leur routine hebdomadaire avaient un risque d’infection par le SARS-CoV-2 de 11 % moins élevé. « Ils avaient également un risque d’admission à l’hôpital de 36 % inférieur, un risque de maladie Covid-19 grave de 44 % inférieur et un risque de décès par Covid-19 inférieur de 43 % à leurs pairs physiquement inactifs », détaille l’étude. Quid de la « dose » de sport protectrice ? Les chercheurs indiquent que « l’effet protecteur maximal s’est produit à environ 500 minutes d’équivalent métabolique de tâche (MET) par semaine, après quoi il n’y a plus eu d’amélioration ». Pas la peine d’en faire trop donc, la bonne mesure étant de 150 minutes d’activité modérée ou 75 minutes d’activité d’intensité vigoureuse par semaine, qui correspondent à 500 MET par semaine, les MET exprimant la quantité d’énergie (calories) dépensée par minute d’activité physique. Les auteurs restent prudents en soulignant que les études sont surtout observationnelles et que d’autres travaux seront nécessaires pour préciser encore plus ce bénéfice du sport contre la Covid qui
selon eux passerait, « au moins en partie », par une amélioration du système immunitaire. Par ailleurs, le sport est bénéfique contre le diabète, l’obésité ou l’hypertension artérielle connus pour être
associés à la sévérité de la Covid-19.
🇫🇷 France
Athlètes miniatures
L’énergie débordante de nos bambins rappelle celle des lapins mécaniques de la publicité qui ne s’arrêtaient qu’une fois les piles vidées ! Une étude menée par des chercheurs en physiologie de l’université de Clermont-Ferrand, publiée en avril 2018 dans Frontiers in Physiology, élucide l’affaire. Ils ont sélectionné 3 groupes : 12 enfants (entre 8 et 12 ans), 12 adultes non entraînés (entre 19 et 23 ans) et 13 athlètes de demi-fond (entre 19 et 27 ans). Tous ont été soumis à 2 sessions d’expérimentation : d’abord 2 sprints sur un vélo d’appartement, séparés d’une minute de récupération et, 48 h plus tard, le test de Wingate consistant à pédaler le plus vite possible contre une résistance déterminée en fonction du poids corporel et de la masse maigre du sujet, sur 30 secondes. Conclusions : l’énergie développée en aérobie (faculté à tenir un effort sur la longueur) était similaire entre les enfants prépubères et les adultes bien entraînés et le taux de fatigue (diminution relative de la puissance de sortie lors du test de Wingate) aussi. Mais les enfants avaient un truc en plus : après l’effort, ils présentaient une meilleure capacité de récupération que les athlètes. Si la vitesse de retour à une saturation normale en oxygène était identique, les plus jeunes avaient un recouvrement du rythme cardiaque de repos plus rapide et une capacité d’élimination du lactate plus élevée.
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