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La prescription pharmaceutique survit à l’épreuve du feu

Le texte voté à l’Assemblée prévoit que des pharmaciens dûment formés pourraient « prescrire » à compter du 1er janvier 2020. 

© FOTOLIA/LOOPALL

C’est historique. Après deux tentatives d’amendement – ceux des députés Delphine Bagarry (LREM) fin 2018 et Guillaume Garot (Socialistes et apparentés) fin janvier – finalement rejetées, la troisième a été la bonne. Dans la nuit du 21 au 22 mars dernier, les députés et le gouvernement ont cette fois repoussé tous les amendements proposant la suppression de la prescription pharmaceutique ou plutôt la « dispensation protocolisée », une mesure cette fois portée par le rapporteur du texte Thomas Mesnier (LREM) et soutenue contre vents et marées par l’Ordre et les syndicats de pharmaciens. 

Hache de guerre

La ministre de la Santé Agnès Buzyn, présente lors des débats, marche maintenant sur des œufs. Après avoir émis des doutes sur la pertinence de la mesure le 5 mars dernier, elle a consenti à ne pas supprimer la disposition. « Il n’est pas question de donner un droit de prescription aux pharmaciens [...] mais de donner un accès supplémentaire aux soins aux Français », déminait Thomas Mesnier dans l’Hémicycle. Angines, cystites... les exemples sont connus. Les pharmaciens qui voudront s’y lancer à terme devront évidemment être formés – des précisions devront être apportées par la suite par décret – et des protocoles validés par la Haute Autorité de santé. Si tout est en place, l’article 7 quinquiès de la loi de santé prévoit un coup d’envoi dès le 1er janvier 2020. « Je vais m’employer à trouver un consensus entre les pharmaciens et les médecins, cela nécessite encore du travail », a déclaré Agnès Buzyn au moment de soutenir l’amendement de Thomas Mesnier. C’est une litote : la ministre doit certainement se préparer à un « conflit majeur » avec les syndicats de médecins, comme n’a pas manqué de le promettre, dès le 22 mars au matin, le président de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S) Jérôme Marty sur Twitter. Malgré cela, et si la loi de santé doit encore passer par une lecture au Sénat avant son adoption définitive, cette mission a plus de chances que jamais de voir le jour… Qui l’eût cru il y a seulement un an ?

Par Laurent Simon

22 Mars 2019

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