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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© ANH LENOIR

Biosimilaires : restaurons la confiance

Les patients ont fait part de leurs légitimes préoccupations vis-à-vis de la substitution de leurs médicaments biologiques par les pharmaciens. Les biosimilaires ne sont pas des génériques et si droit de substitution il doit y avoir, il ne pourra se faire qu’au cas par cas, groupe par groupe. Quoi qu’il en soit, nous ne le ferons pas contre les malades mais avec eux. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2014 nous avait accordé ce droit, uniquement en initiation de traitement. Le décret qui devait en préciser les contours n’a jamais été pris à ce jour. Et, aujourd’hui, le gouvernement a décidé de rayer purement et simplement cette disposition du Code de la santé publique. 
Or, les médicaments biologiques représentent un vivier d’économies important pour l’Assurance maladie. Environ 300 millions d’euros pourraient être économisés chaque année grâce au recours aux biosimilaires. La préservation de notre système de santé et l’accessibilité de tous à l’ensemble des médicaments, notamment les plus innovants, ne peuvent se faire sans le maintien de l’équilibre des comptes de la nation. Et le remplacement des princeps par des ­spécialités moins onéreuses est une façon d’y ­parvenir. Car appliquer des baisses de prix sur les spécialités pharmaceutiques (920 millions d’euros pour 2020) est un levier que l’on ne peut actionner à l’infini sans conséquences sur l’équilibre économique des officines de proximité et sur l’approvisionnement même en médicaments. Comme l’ont récemment rappelé les industriels, la pression sur les tarifs augmente en effet les risques de pénuries.
La substitution des médicaments biologiques par les pharmaciens est donc un enjeu majeur pour les années à venir. Nous avons déjà su répondre au défi de la substitution générique depuis maintenant vingt ans. Mais ces traitements sont différents des médicaments « classiques » issus de la synthèse chimique et j’entends les réserves des patients. C’est pour cela que je dis qu’il faudra définir, avec eux, quels sont ceux qui entreront dans le champ de la substitution. Inspirons-nous du modèle en vigueur à l’hôpital où les médecins prescrivent les produits inscrits sur la liste définie par le groupement hospitalier de territoire en concertation avec la pharmacie hospitalière. Nous ne pourrons rien faire sans la confiance des patients.

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