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LA FSPF CORRIGE UNE ERREUR DE L’ÉTAT

Le ministère de la Santé a surestimé les ventes d’automédication en officine de près de 1,3 milliard d’euros en 2016. Explications.

© FOTOLIA/BILLIONSPHOTOS.COM

Les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) font référence dans le monde de la santé. Et pourtant, ils étaient faux concernant l’OTC, comme l’a révélé la FSPF le 12 septembre dernier. En effet, en 2016, ce sont bien 2,806 milliards d’euros de médicaments non remboursables qui ont été achetés par les Français et non 4,069 milliards. C’est donc une bourde de près de 1,3 milliard d’euros – rien moins que 30 % de l’estimation de départ ! – que les services économiques de la Fédération ont relevé dans les chiffres officiels. Cela n’a rien d’une anecdote, comme le relève Philippe Besset, vice-président de la FSPF, en charge de l’Économie, qui a été à la manœuvre sur ce dossier : « Ces chiffres comptent dans les comparaisons internationales et servent à la construction de la pensée politique. »

Un reste à charge maîtrisé

En ces temps où le pouvoir d’achat est au centre des politiques publiques, la FSPF pointe que le reste à charge des ménages n’a pas augmenté de 3 points entre 2012 et 2016 mais qu’il a bel et bien diminué de 1,2 point sur la période, passant de 14,8 % à 13,6 %. C’est d’autant plus important que les médicaments représentent un peu moins de 30 % du reste à charge total des ménages français, que le prix de l’automédication fait régulièrement l’actualité… et que les Français comparent souvent les pharmacies entre elles sur ce point. Pour mémoire, les niveaux de reste à charge les plus élevés se situent dans l’optique et les soins dentaires : dans le premier cas, les ménages financent directement 23 % des sommes ; dans le second, un peu plus de 22 %, comme le précise la Drees dans son édition 2017 des comptes de la santé. La conclusion de cette histoire de calcul est évidemment favorable aux pharmaciens : « La baisse de 12 % de ces médicaments en dix ans montre bien que le pharmacien d’officine, professionnel de santé indépendant et responsable, n’incite pas à la consommation par des pratiques commerciales agressives », note la FSPF.

Pourquoi libéraliser ?

C’est en tout cas une grosse pierre dans le jardin de Michel-Édouard Leclerc et de ceux qui cherchent à libéraliser la vente de l’automédication – sous contrôle d’un pharmacien, certes – pour des raisons de pouvoir d’achat. « Ces résultats corrigés viennent donc contredire les arguments de ceux qui militent, à grand renfort publicitaire, pour une dérégulation du marché des médicaments non remboursables. Les pharmaciens ont pris sur leur marge les augmentations de TVA [deux augmentations ont eu lieu dans la période analysée, NDLR] et de prix fabricant », indique Philippe Besset. Rappelons que, parmi les tenants d’une libéralisation du marché de l’OTC et donc d’une distribution en grandes et moyennes surfaces, notamment, l’Autorité de la concurrence prépare une enquête sectorielle qui doit paraître à la fin de l’année sur le circuit de distribution du médicament. Comme quoi un chiffre correct vaut parfois mieux qu’un long discours.

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