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Savoir reconnaître une migraine

Bien connaître la migraine, sa physiopathologie et ses signes associés permet un conseil efficace auprès du migraineux diagnostiqué… ou qui s’ignore.

Par Alexandra Chopard

Qu’est-ce que la migraine ?

La migraine est une maladie neuro-vasculaire complexe provoquant des céphalées douloureuses. Elle est définie par la répétition des crises (au moins 5) qui peuvent durer de 4 à 72 heures sans traitement. Le plus souvent unilatérale, la douleur est pulsatile et aggravée par l’effort physique. Elle s’accompagne de signes fonctionnels comme des troubles digestifs (nausées, voire vomissements). Le patient présente fréquemment des signes vasomoteurs (pâlissement) associés à une photophobie et une phonophobie. La récurrence des crises varie d’un patient à l’autre, avec des intervalles sans aucune douleur.

Identifier les facteurs déclenchants

Par autosurveillance, le patient peut identifier les facteurs susceptibles de déclencher ses crises et essayer de les éradiquer pour en diminuer la fréquence. Sont régulièrement mis en cause :

  • une exposition au stress et à la contrariété ;
  • un relâchement après une période de stress (« migraine du week-end ») ;
  • une exposition à du bruit, des lumières ou des odeurs particulières ;
  • une cause hormonale (« migraine cataméniale ») ; une cause alimentaire (alcool, tanins des vins, tyramine des fromages affinés ou du chocolat, histamine de produits fermentés…).

 

Physiopathologie

La crise migraineuse est causée par une hyperactivation neuronale, qui entraîne une inflammation et une dilatation des vaisseaux des méninges entourant le cerveau. Les migraineux ont un défaut de l’excitabilité cérébrale d’origine génétique, les rendant plus vulnérables aux facteurs favorisant les crises.

Avec ou sans aura

Dans 20 % des cas, les crises de migraine sont précédées d’une aura, qui serait le reflet d’une hypo-activation neuronale ; selon la zone du cortex concernée, le patient présente des troubles variés :

  • les auras ophtalmiques, les plus fréquentes, correspondent à l’apparition de taches ou de lignes brillantes persistant les yeux fermés. Sont également décrites des réductions du champ visuel et une vision trouble ou kaléidoscopique ;
  • les auras sensitives sont caractérisées par des paresthésies non douloureuses concernant typiquement les premiers doigts de la main et le pourtour des lèvres très souvent du même côté ;
  • les auras aphasiques, beaucoup plus rares, provoquent des troubles du langage.

À noter : après une apparition progressive, l’aura peut soit régresser en moins d’une heure puis laisser place à la céphalée, soit persister parallèlement à cette dernière.

Migraine ou céphalée de tension ?

Dans les céphalées de tension, la douleur est bilatérale et non pulsatile, contrairement à la douleur de migraine. De même, elle n’est pas associée à des signes digestifs ni à une photophobie significative. Elle serait due à une crispation des muscles péricrâniens lors d’un stress physique (mauvaise position) ou psychologique. Il ne s’agit pas de crises bien délimitées mais plutôt d’épisodes à limites floues. Leur prise en charge est basée sur la prise de paracétamol ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) idéalement associés à des techniques de gestion du stress.

AU COMPTOIR

« Mon petit-fils de 6 ans, en vacances chez moi, ne se sentait pas bien hier soir : très pâle, il a vomi et avait très mal à la tête. C’est passé. Comme sa maman est migraineuse, pensez-vous que je puisse lui donner le même traitement en spray qu’elle prend spécifiquement pour ça ? »

VOTRE CONSEIL Dans la migraine chez l’enfant, les troubles digestifs sont au premier plan, les crises sont plus courtes (maximum 48 heures) et la localisation bilatérale de la céphalée est plus fréquente. Le spray dont vous parlez est très probablement du sumatriptan, un traitement de la crise. Attention, il ne doit pas être utilisé en dessous de 12 ans et de toute façon pas sans prescription d’un médecin. En revanche, il est possible de lui donner de l’ibuprofène, qui est la molécule recommandée dans la prise en charge des migraines de l’enfant. Consultez rapidement en cas de récidive.

« Je sens un très gros mal de tête arriver, comme souvent à l’approche de mes règles. Pouvez-vous me donner un antidouleur efficace ? Le paracétamol ne suffit pas, l’ibuprofène fonctionne parfois mais je dois en prendre beaucoup… »

VOTRE CONSEIL Le fait que ce mal de tête récidive régulièrement et qu’il soit influencé par la chute du taux d’estrogènes avant vos règles semble indiquer qu’il s’agit de migraines plutôt que de simples céphalées. Il serait intéressant de faire le point avec votre médecin sur la fréquence des crises et leurs caractéristiques ainsi que sur votre contraception : celle-ci pourrait avoir une influence sur vos céphalées. Qu’il s’agisse bien de migraines ou non, il est essentiel de trouver un traitement encadré pour limiter vos douleurs : dans votre cas, le risque de surconsommation de médicaments est trop important et vous ne semblez pas correctement soulagée.

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