C’est un fait : pour une fois – et pour la première fois depuis longtemps –, la santé occupe une place importante dans la campagne présidentielle, aidée par des annonces fracassantes de certains candidats sur le petit et le grand risque. Sans que personne ne sache réellement quelles pathologies ou situations cela recouvre… Ces déclarations simplistes auront au moins eu le mérite de lancer un débat sur le système de santé et les attentes des Français en la matière.
Les conclusions, nous les connaissons tous : être soigné à temps, sans reste à charge excessif, tout en maintenant une gestion rigoureuse de l’Assurance maladie pour éviter de laisser filer les déficits. Voilà pour la théorie.
« Généraliser la
dispensation à l’unité
est un acte de foi
plus que de raison. »
En pratique, les candidats à l’élection présidentielle – que nous avons rencontrés – continuent parfois de divaguer : envisager notamment de généraliser, sous prétexte d’économies et de bon usage du médicament, la dispensation à l’unité est un acte de foi plus que de raison. Quelles sont les preuves aujourd’hui de l’efficacité de cette mesure ? Nous les attendons encore. En revanche, nous sommes à la disposition de tous les partis qui seraient intéressés par une mesure toute simple et de bon sens : la rémunération du pharmacien pour la préparation des doses à administrer (PDA) en ville à destination des patients qui le nécessitent. Voilà une dispensation à l’unité au service du patient qui servirait aussi la santé publique. Ajouter à cela la disparition des conditionnements trimestriels, et nous aurons fait un grand pas dans le suivi de l’observance par les pharmaciens et la réduction des gaspillages.
Je me répète peut-être mais avec les honoraires, nous avons fait un choix : celui de quitter le commerce pur et dur pour devenir des professionnels de santé à part entière. Sur fond de vieillissement de la population, il revient maintenant aux pouvoirs publics de tirer toutes les conclusions des politiques qu’ils ont initiées. Il ne faudra pas pour cela se contenter de se payer de grands mots comme « virage ambulatoire » ou « équipes de soins primaires », mais les faire suivre d’effets et de moyens conséquents.
À l’heure où j’écris ces lignes, il reste trente jours jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle. Trente jours pour que chaque candidat s’imprègne bien de cette évidence que je me dois tout de même de répéter une dernière fois avant que nous allions tous rejoindre l’isoloir : prévenir, c’est économiser, soigner, c’est investir, miser sur les pharmaciens, c’est l’avenir.