L’alerte est parvenue le 23 avril à la Direction générale de la santé (DGS) qui a saisi le lendemain la Haute Autorité de santé (HAS) pour avis. Ses recommandations sont tombées le vendredi 25 avril. À la suite de 3 cas d’effets indésirables graves survenues chez des personnes âgées (80 ans et plus) après vaccination contre le chikungunya avec le vaccin vivant atténué Ixchiq (3 000 doses ont été administrées sur les 40 000 disponibles), et dont le lien de causalité ne pose pas question, l’instance a décidé de suspendre la campagne chez les 65 ans et plus. Elle maintient cependant ses recommandations chez les 18-64 ans atteints de comorbidités. Ce qui vaut tant à La Réunion et à Mayotte, que pour les voyageurs partant de métropole vers ces destinations.
Fin de la vaccination des seniors
Dont acte. C’est la décision relayée le 26 avril par le gouvernement, rappelant l’épidémie sévère qui sévit à La Réunion, responsable d’au moins 9 décès (20 autres sont en cours d’investigation selon Santé publique France). Le ministre de la santé, Yannick Neuder, a d’ailleurs indiqué sur France 3, lors de l’émission Dimanche en politique du 28 avril, que la précédente épidémie de chikungunya à La Réunion (2005-2006) avait fait « quasiment 250 morts ». Mais pour le président de la FSPF, en communication avec les autorités de santé durant tout le week-end, cette décision est une demi-mesure. Sur le pont dès le 26 avril, Philippe Besset a d’abord souligné qu’il était « un militant de la vaccination », que c’était « l’arme la plus précieuse que nous avons […] mais [que] toute la population doit avoir confiance dans le vaccin, et la confiance c’est exigeant ». Aussi le président de la FSPF appelait-il dès samedi dernier sur France Info à « suspendre totalement » la vaccination contre le chikungunya, « le temps de l’investigation ».
Totale transparence
Un appel qui n’a pas été entendu au moment où la semaine européenne de la vaccination commençait et où la DGS dévoilait le calendrier vaccinal pour 2025. Lors de son Live hebdomadaire du 2 mai, Philippe Besset a tenu à expliquer à nouveau son positionnement. « Je me suis exprimé, et nos confrères locaux également – Ordre, URPS, syndicats – pour dire qu’il n’était pas raisonnable de continuer à vacciner [les 18-64 ans avec comorbidités] dans ce contexte-là, avec ce vaccin-là, tant que toute la lumière n’a pas été faite sur ce qui s’est passé. » En tant que professionnel de santé et défenseur de la vaccination, il a appelé à la plus grande transparence sur ce dossier afin de préserver « la confiance de la population ». Le président de la FSPF a néanmoins pris acte de la décision française, insistant sur le devoir des pharmaciens de « respecter la loi et de dispenser ce vaccin lorsqu’il est demandé », tout en déconseillant aux confrères de faire de « l’aller vers ». Il préconise, en outre, une information complète sur les risques aux personnes se présentant pour se faire vacciner « afin que notre responsabilité ne soit pas engagée ». Par ailleurs, il espère l’arrivée « dans les prochains mois […] avant l’hiver austral », du vaccin à protéine recombinante Vimkunya (Bavarian Nordic A/S), qui a obtenu une AMM le 28 février dernier, ce qui permettra de « reprendre la vaccination ».