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Aurélien Rousseau : démission et conséquences

Le vote de la loi Immigration a entraîné la démission d'Aurélien Rousseau. Et, à peine nommée ministre de la Santé par intérim, Agnès Firmin Le Bodo se retrouve dans la tourmente dans l'affaire des cadeaux Urgo.

© adobestock_aomas

Tout avait plutôt bien commencé entre les pharmaciens et Aurélien Rousseau, arrivé au ministère il y a seulement cinq mois. Le haut fonctionnaire de 47 ans, fin connaisseur des dossiers de santé et doté d'une solide fibre sociale, avait signé il y a quelques jours une lettre de cadrage prometteuse en termes d'ambition pour la profession. Et les négociations avaient commencé dans ce contexte mardi 19 décembre au matin, à la Cnam, entre la FSPF, l'Uspo, l'Uncam et la Cnam. Mais le soir même était votée à l'Assemblée, dans une ambiance électrique, la loi Immigration. Incarnant l'aile gauche du gouvernement Macron, le ministre a choisi la démission pour dire sa désapprobation.

Ce que le départ d'A. Rousseau va changer... ou pas

Bien entendu Philippe Besset est revenu sur ce départ remarqué dans son Live hebdomadaire. Il a d'abord voulu rassurer en affirmant que celui-ci n'aurait guère d'impact sur les négociations conventionnelles désormais entamées avec l'Assurance maladie, donc avec son directeur général Thomas Fatôme. Mais le président de la FSPF a aussi exprimé son regret de voir partir si vite « un ministre que nous respectons éminemment et avec qui nous avons eu des séances de travail riches ». Il a dépeint un homme politique « à l'écoute » lorsqu'il avait reçu les pharmaciens et étudiants mobilisés le 21 novembre dernier, et exprimé aussi sa solidarité à l'égard des raisons qui ont motivé cette démission : « Nous aussi défendons l'AME [l'aide médicale de l'État facilitant l'accès aux soins des personnes en situation irrégulière, que la Première ministre souhaite réformer via son ministre de la Santé, NDLR]. C'est un dispositif dont nous ne pouvons nous passer pour le soin. »

A. Firmin Le Bodo, intérimaire dans la tourmente

Aurélien Rousseau parti, c'est Agnès Firmin Le Bodo, 53 ans, qui est devenue ministre par intérim. Mais à peine nommée, Médiapart a révélé hier qu'elle est visée par l'enquête ouverte en juin 2023 sur des cadeaux – pour une valeur de 20 000 euros – que la pharmacienne aurait reçus sans les déclarer des laboratoires Urgo, condamnés en janvier 2023 pour infraction à la loi Anticadeaux. Philippe Besset, tout en exprimant « un peu d'empathie envers nos confrères qui ont pu accepter les cadeaux d'Urgo », a affirmé qu'il considère que la ministre par intérim « va devoir, dans les temps à venir, se consacrer à sa défense ». 

Pas la ministre de tutelle des pharmaciens

Il a rappelé qu'Agnès Firmin Le Bodo n'était « pas la ministre de tutelle des pharmaciens »en vertu d'un décret paru au Journal officiel du 2 décembre 2022 indiquant que la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé ne pourrait pas prendre de décisions en lien avec la pharmacie d'officine conformément à un article de loi visant à éviter les potentielles situations de conflits d'intérêts. Philippe Besset a indiqué que, pour l'heure, « notre ministre, ce sont les services de Matignon ». Et a glissé qu'avoir, à terme, un ministre de plein exercice sera bienvenu pour faire avancer des dossiers tels que la loi sur le grand âge, celle sur la fin de vie ou des problématiques d'attractivité de la santé et d'accès aux soins.

Par Hélène Bry

22 Décembre 2023

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