Elle avait été pressentie pour devenir Première ministre d'Emmanuel Macron en 2022 mais s'était fait doubler sur le fil par Élisabeth Borne. Cette fois, c'est du concret pour Catherine Vautrin qui devient, à 63 ans, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités du gouvernement Attal. Une fonction qu'elle ne découvre pas totalement puisqu'elle avait occupé celle de ministre déléguée à la Cohésion sociale auprès de Jean-Louis Borloo en 2015, après avoir été secrétaire d'État. Présidente du « Grand Reims » depuis 2014, elle est une femme de droite, issue de l'UMP puis de LR, tout en ayant rallié l'actuel président de la République à l'occasion de sa campagne électorale. C'est d'ailleurs à ses positions conservatrices, notamment contre le mariage pour tous, qu'elle a dû sa non-accession à Matignon en 2022. Un an plus tard, elle déclarait avoir « raté ce rendez-vous qui est aujourd'hui devenu une évidence ».
Réforme de l'AME et débat sur la fin de vie
Alors que débute dans quelques jours le travail parlementaire pour faire entrer l'IVG dans la Constitution, Catherine Vautrin a rendu un hommage à Simone Veil lors de la passation de pouvoirs qui a eu lieu le 11 janvier dernier. Un signal d'apaisement dont on doute qu'il balaie complètement les inquiétudes de certains de voir à la tête de la Santé une sarkozyste alors que la mise en œuvre de la réforme de l'aide médicale de l'État (AME) se fera sous son autorité. Défendue d'un seul bloc par les soignants, cette AME devrait être profondément revue courant 2024. Une évolution avec laquelle Aurélien Rousseau, précédent ministre de la Santé, était d'ailleurs en désaccord et qui avait notamment provoqué sa démission. Autres dossiers sensibles présents sur la table du superministère, la proposition de loi macroniste sur le « bien-vieillir », approuvée en première lecture par les députés, ainsi que la « loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge » promise par le président pour 2018. La manière dont Catherine Vautrin abordera le débat sur la fin de vie est également très attendue, alors que le « plan décennal pour les soins palliatifs » doit être présenté d'ici à début février et qu'Emmanuel Macron doit dévoiler dans les prochains mois les grandes lignes du projet de loi ouvrant l'accès à l'aide active à mourir.
Agnès Pannier-Runacher ministre déléguée ?
Le fait que ce ministère soit hyper étendu n'a pas manqué d'irriter certains acteurs de la santé, voyant derrière cette construction une manière de faire passer la thématique sanitaire au second plan. Mais il apparaît aussi que cette étendue constitue « un signal positif, pourvu qu'elle [la nomination de Catherine Vautrin à la tête de cette superstructure] soit synonyme de stabilité et d'efficacité », selon les mots du président de la FSPF, Philippe Besset. Ce dernier invoque même le passé pour justifier ses espoirs : « Les expériences de grands ministères similaires, occupés notamment par Martine Aubry ou Xavier Bertrand, se sont soldées non par une dilution mais par des progrès significatifs pour le système de santé. » Quoi qu'il en soit, Catherine Vautrin ne sera pas seule à la barre du paquebot puisque Agnès Pannier-Runacher est déjà pressentie pour la seconder en tant que ministre déléguée en charge de la Santé.