Missionnée par le ministère de la Santé, l'Agence des systèmes d'information partagés de santé (Asip Santé) vient d'établir un état des lieux des plate-formes régionales de télémédecine à partir d'un vaste questionnaire adressé aux agences régionales de santé (ARS) et aux groupement régionaux d'appui au développement de la e-santé (Grades). Elle a comptabilisé 21 plate-formes régionales et 400 services de télémédecine répartis au sein d'un découpage en 17 régions.
Premier constat, la télémédecine s'est déployée en grande majorité autour de deux axes : la téléconsultation (un professionnel de santé donne une consultation à distance à un patient) et la téléexpertise (il sollicite à distance l'avis d'un expert), aucune spécialité médicale n'étant laissée pour compte, sauf peut-être l'allergologie. En revanche, concernant la téléassistance médicale (un médecin en assiste un autre à distance pendant la réalisation d'un acte), seuls une poignée de services ont pu être relevés, principalement centrés sur le télé-AVC et la dermatologie. Pour résumer, seules deux plate-formes couvrent les quatre types d'actes de télémédecine (consultation, expertise, service et assistance) : Ortif en Île-de-France et Therap-e en Normandie. Et 80 % d'entre elles proposent de la téléconsultation mais aucune de façon exclusive (contrairement aux plate-formes privées). En effet, expliquent les auteurs de l'étude, les plate-formes régionales se sont essentiellement développées sur des prises en charge complexes et non pas usuelles, sauf concernant des populations spécifiques comme les détenus ou les personnes âgées.
Dépendance financière
À partir de ce diagnostic, l'Asip prescrit des changements. L'agence pointe « un besoin de clarification du positionnement des plate-formes régionales [...], notamment dans l'articulation avec l'émergence des plate-formes privées, à vocation généraliste, et ne connaissant pas de contraintes géographiques ». Elle remarque que les plate-formes « montrent une disparité très élevée en termes d'usages : certaines effectuent jusqu'à 10 fois plus d'actes que la moyenne […] tandis que [d'autres] en effectuent presque 100 fois moins ». L'étude souligne aussi « la nécessaire évolution du modèle économique des plate-formes, aujourd'hui essentiellement basé sur des subventions publiques », pointant le fait que le coût de revient à l'acte, allant de 8 à 6 700 euros, témoigne de grandes difficultés à sortir du cadre expérimental pour passer à la généralisation des usages. Le rapport évoque « des coûts élevés » et remarque que « si certaines plate-formes ont réussi à mettre en place des modes de financement hybrides, associant également une contribution des utilisateurs, elles restent essentiellement dépendantes des fonds des ARS ». Enfin, l'Asip regrette le « peu de dynamiques de coopération inter-régionales » et conseille, pour l'avenir, de mutualiser et de rationaliser les offres. Elle précise enfin que « les plate-formes privées font l’objet d’une étude complémentaire » dont les conclusions devraient vivement intéresser les pharmaciens souhaitant proposer une offre de télémédecine dans leur officine. À suivre donc.