L'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a encore frappé. Le 14 juin dernier, elle a dévoilé les résultats d'une étude prouvant, selon elle, que la nouvelle formule, non contente d'être sous-dosée, présenterait un taux très significatif d'une molécule qui n'est pas la lévothyroxine mais sa proche cousine dextrogyre, la dextrothyroxine. Depuis, les démentis se succèdent. Celui du laboratoire Merck tout d'abord qui tient une ligne de défense claire : « Il n’y a absolument aucune preuve scientifique d’une quelconque anomalie dans la nouvelle formule du Levothyrox mise en lumière par ce rapport. » Et ce, malgré les déclarations alarmistes de l'AFMT : « On a déjà perdu vingt malades, selon sa présidente Chantal L'hoir, et des patients font des résurgences de cancers. »
Démentis en série
Valérie Leto, la pharmacienne responsable du laboratoire Merck, précise que « le principe actif est le même dans l’ancienne et la nouvelle formule. Ce n’est pas un produit qui est fabriqué par Merck ; le fournisseur certifie la forme lévogyre [...]. Ce sont des aberrations infondées. On ne va pas aller investiguer outre mesure ». La position est partagée en substance par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui rétorquait le jour même de la diffusion des résultats de l'AFMT qu’elle a mené « depuis septembre 2017 des analyses pour vérifier la qualité de la nouvelle formule de Levothyrox qui ont confirmé sa conformité ». Position réitérée le 18 juin par son directeur général, Dominique Martin, qui n'a pour l'instant pas annoncé de nouvelles études pour éventuellement clore la polémique : « Nous verrons quelles suites donner une fois que nous en aurons analysé les conclusions. » Voilà pour les démentis.
En attendant la justice
Pour les doutes, l'AFMT se charge elle-même de les fournir, tout en réclamant le retrait sans délai de la nouvelle formule et le maintien de l'approvisionnement de l'ancienne au nom du principe de précaution. Elle déclare en effet dans une réponse à Merck « se garder d'affirmer [d'avoir] trouvé "la" cause de cette crise sanitaire inexpliquée mais que ces résultats, s’ils étaient confirmés, pourraient constituer un élément, déterminant, d'explication ». De fait, les analyses portant sur une seule boîte de Lévothyrox ancienne formule et deux de la nouvelle mettent uniquement en évidence un « composé dextrogyre ». Par conséquent, le laboratoire qui a effectué les analyses pour le compte de l'association suggère « par prudence » de mener « des investigations supplémentaires pour avoir l'absolue certitude qu'il s'agit bien de dextrothyroxine ». Une chose est sûre : l'AFMT épaissit le dossier d'instruction des plaintes qu'elle a notamment déposées à Marseille auprès du tribunal de grande instance.