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Vaccin grippe : le gouvernement fait le contraire de ce qu'il dit

Le vaccin antigrippal Efluelda, quatre fois plus dosé que les autres références et indiqué pour les personnes les plus à risque, sera absent de la campagne 2024-2025. C’est la conséquence directe de la politique tarifaire délétère de la France.

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L’annonce minimaliste de l’arrêt de commercialisation d’Efluelda dans un DGS-Urgent du 23 avril dernier n’est pas passée inaperçue. Inquiète de précommandes de vaccins contre la grippe trop faibles pour répondre aux besoins de la population française lors de la prochaine campagne, la Direction générale de la santé (DGS) appelle les pharmaciens à revoir leurs estimations à la hausse et prolonge la saison des précommandes jusqu’au 15 mai. C’est à cette occasion que les officines ont découvert le retrait du marché français du vaccin Efluelda dans les prochaines semaines. Et l’engagement de Sanofi de proposer aux près de 11 000 pharmacies ayant précommandé Efluelda un remplacement par son vaccin antigrippal à dose standard VaxigripTetra.

Politique tarifaire

La raison ? Une réévaluation de son prix public à la baisse. Jusqu'alors fixé à 30,90 euros TTC (versus 11,75 euros pour VaxigripTetra et Influvac Tetra), ce nouveau prix négocié par le Comité économique des produits de santé (CEPS) n'a pas été communiqué. Pour la FSPF, c’est un symptôme de plus de la politique tarifaire du gouvernement. « On ne peut défendre un accès à des médicaments de qualité tout en réduisant de 1 milliard d’euros par an les dépenses de santé, souligne son président Philippe Besset. À l’inverse de tous nos voisins européens, et comme à leur habitude, nos pouvoirs publics ont voulu tirer les prix à la baisse, les fixant à un niveau inférieur aux coûts de production et de distribution du laboratoire. » Ce qui rend impossible, explique Sanofi dans un communiqué, la mise à disposition d’Eflueda lors de la prochaine campagne de vaccination, et ce, « en dépit d’un investissement de 50 millions d’euros pour assurer en France une partie de la production ». 

Empreinte industrielle 

Le groupe tricolore rappelle par ailleurs qu’il est le seul laboratoire à fabriquer ses vaccins contre la grippe en France et qu’il a investi 250 millions d’euros ces dernières années sur son site normand « pour y fabriquer la plus grande unité de production d’Europe de vaccins contre la grippe ». Un effort qui aurait dû être récompensé par l’application de l’article 65 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2022, celui-ci prévoyant que « l’empreinte industrielle » soit prise en compte dans la fixation des prix des médicaments.
« Les conditions d’accès et de définition de prix en France nous mènent à des impasses comme aujourd’hui avec Efluelda, au détriment de la santé publique », regrette Charles Wolf, directeur général Vaccins France chez Sanofi. Car, de fait, ce vaccin reste disponible dans les autres pays où il est autorisé. Une situation qui pousse la FSPF à rappeler que « la relocalisation de la production de médicaments ne se décrète pas ; elle exige des moyens à la hauteur des décennies de délocalisation qui ont tant mis à mal notre souveraineté sanitaire ». Le syndicat s’inquiète d’un risque de tensions d’approvisionnement par la disparition d’une alternative qui, de surcroît, prive les plus âgés « du vaccin offrant le meilleur service médical ». 

Santé à bas coût

Même si Sanofi assure qu’il « poursuit le dialogue avec les autorités de santé pour permettre les conditions d’un retour d’Efluelda en France au plus vite », Philippe Besset remarque le mal fait par ce message diffusé en pleine semaine européenne de la vaccination. « Face caméra, le gouvernement assure tout mettre en œuvre pour garantir l’accès aux produits de santé ; dans les faits, il s’entête dans une politique tarifaire toujours plus restrictive et dans un paradigme de santé à bas coût. »

3 Mai 2024

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