La patience des pharmaciens a été mise à rude épreuve ces derniers mois. Depuis sa nomination à la tête du ministère de la Santé en mai dernier, Agnès Buzyn a en effet affronté au moins deux crises sanitaires, multiplié les décisions parfois précipitées… et les sujets d’incompréhension avec la profession. En juillet dernier, le listage express des dérivés opiacés laissait la profession dans l’expectative la plus totale. Nous comprenons totalement les impératifs de santé publique qui ont mené à ce coup de théâtre ; pour autant, moyennant une concertation avec l’officine, nous aurions pu et dû éviter de priver toute une catégorie de patients de traitements OTC sûrs et efficaces. Il en va de même avec la nouvelle formule du Levothyrox : si les intentions sont louables, la gestion de la crise a été précipitée et, au final, très mal vécue par la profession. Je vous le dis, Madame la Ministre, au nom de tous les pharmaciens : plus jamais ça ! Apprendre par la presse une décision sanitaire d’une telle importance doit amener une prise de conscience de la part de nos gouvernants. Il est évident et incontournable que l’information des patients doit être réformée mais je vous le dis, Madame la Ministre, oublier les pharmaciens dans cette démarche lui enlèverait toute pertinence. Quatre millions de patients franchissent les portes de nos officines tous les jours, quatre millions de patients que nous guidons, conseillons, rassurons, orientons. Comment imaginer un seul instant que vous puissiez continuer à nous écarter de l’accompagnement des décisions sanitaires ?
C’est maintenant un professionnel de santé qui parle à un autre professionnel de santé, Madame Buzyn : les pharmaciens ont de nombreux services à vous rendre. Y compris sur un sujet qui vous est cher, celui de la vaccination. Je vous fais une proposition, Madame la Ministre : si l’expérimentation sur le vaccin antigrippal à l’officine est le succès que nous espérons tous et qu’elle permet une remontée de la couverture vaccinale, laissez la profession, sous contrôle du médecin, prendre en charge les rappels vaccinaux chez l’adulte. Vous ne le regretterez pas.
Philippe Gaertner
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
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