C’est l’excellente revue belge d’evidence based medicine Minerva qui soulève le sujet dans son numéro de mars. Est paru en effet il y a quelques mois dans Gastroenterology, une des revues de référence de la discipline, une étude que Minerva a analysé. Ce travail inclut 77 046 patients présentant un déficit en fer et 389 314 autres servant de témoins. Le tout pour répondre à la question suivante : la prise d’inhibiteurs de pompe à protons (oméprazole, pantoprazole…) ou d’anti-H2 (cimétidine, ranitidine) dans la durée a-t-elle un effet sur l’absorption du fer ?
Attention au déficit
Avec près de 450 000 patients, cette publication fait date. « Les précédentes […] portant sur l’apparition d’un déficit en fer suite à la prise d’inhibiteurs de la sécrétion d’acide gastrique sur le long terme se limitaient à des études de cas à petite échelle […] et leurs résultats étaient contradictoires », note Minerva. L’étude de 2017 permet au contraire d’arriver à quelques certitudes, grâce à sa puissance statistique : la prise d’IPP pendant au moins deux ans triple le risque de carence en fer et celui d’anti-H2 l’augmente de 50 % et ce à cause d’un déficit d’absorption provoqué par l’augmentation du pH gastrique. « La pertinence clinique de cette association n’est toutefois pas tout à fait claire [...] Il est probable que tous les cas ne souffraient pas d’anémie et les chercheurs […] ne savaient pas si un traitement était nécessaire », précise Minerva. Même si toutes les carences ne mènent pas à une anémie, la prescription d’IPP au long cours – pour des durées supérieures à trois mois – gagne à être réévaluée à intervalles réguliers. Soyez donc particulièrement attentifs à vos patients traités par ces molécules, très largement prescrites et disponibles en OTC. Des symptômes d’anémie manifestes comme une pâleur, un essoufflement, une fatigue, des palpitations ou des étourdissements doivent vous alerter.
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