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Les poids plume plus à risque d’obésité

Un petit poids de naissance peut surexposer à l’obésité, mais il y a des nuances.

On peut naître poids plume pour plusieurs raisons.© adobestock_sasint

Le célèbre épidémiologiste David Barker fut le premier à observer, dans les années 1980, que les individus nés avec un faible poids de naissance étaient surexposés par la suite au syndrome métabolique. Le lien entre un bébé poids plume, avec un retard de croissance intra-utérin (RCIU), et un adulte en surpoids est contre-intuitif, mais l’explication physiologique, elle, est limpide : lorsque le fœtus ne reçoit pas tous les nutriments et l’oxygène dont il a besoin, une redirection des apports vers les organes prioritaires comme le cerveau a lieu, au détriment de structures comme l’hypothalamus, impliqué dans les voies de régulation de l’appétit, et le pancréas, sécrétant l’insuline. Ce que Laure Simon, médecin en néonatologie au CHU de Nantes, résume de manière claire : « Le bébé de petit poids, qui ne recevait pas assez de sang in utero, est programmé pour capter toutes les calories qui passent. »

Comportement alimentaire adapté

Mais en est-il de même des prématurés ? C’est ce qu’ont voulu élucider Laure Simon et ses collègues via une étude parue en 2023 dans BMJ Paediatrics portant sur les cohortes de prémas Lift, Epipage 2 et Epipageado. « C’est compliqué car une confusion existe dans la littérature. En particulier chez les Américains qui, lorsqu’ils parlent de petit poids de naissance, ne font pas la différence entre RCIU et prématurité. Or, on peut faire 1,5 kilo parce qu’on est né trop petit, ou trop tôt ! Notre étude essaie de faire la part des choses et confirme, dans ces trois cohortes, que les prémas n’ont pas plus de risque de surpoids à 15 ans que les bébés nés à terme (13,9 % en surpoids pour un seuil normal à 15 %) », note Laure Simon.
En revanche, elle souligne un enseignement majeur de l’étude : « La croissance des prémas pendant l’hospitalisation et de 0 à 2 ans est déterminante pour le risque de surpoids à 5 ou 15 ans ». En d’autres termes, les ex-prémas « obèses à 5 ou 15 ans avaient déjà une trajectoire de croissance avec un IMC élevé à 2 ans qui aurait pu être repéré ». L’enjeu en néonatologie est donc que les enfants prennent du poids mais aussi qu’ils fabriquent de la masse maigre plutôt que de la masse grasse. La croissance en taille est un bon indicateur pour surveiller l’acquisition de la première. « Chez les enfants qui ne grandissent pas bien en taille pendant l’hospitalisation, on sait que la masse maigre n’est pas assez importante. Si on note ensuite une hausse de l’IMC entre 0 et 2 ans, c’est le signe qu’il est judicieux de rappeler aux parents l’importance d’un comportement alimentaire adapté. »

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Par Hélène Bry

5 Avril 2024

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